Main Content
« Cultiver des pommes de terre, c’est très valorisant »
Francis Bapst (voir vidéo) adore mettre en avant ce chiffre, « 120’000 », quand il parle de son activité. « C’est le nombre de repas que la culture d’un hectare de pommes de terre, soit environ 40'000 tonnes, permet de produire », explique-t-il, en ajoutant : « C’est impressionnant et valorisant de se dire que l’on contribue à nourrir autant de monde avec nos champs. »
Ce jeune Fribourgeois de 28 ans cultive annuellement entre 30 et 40 hectares de pommes de terre. Il fait ainsi partie des plus grands producteurs de ce tubercule, en Suisse, où près de 11'000 hectares sont plantés chaque printemps. Soit l’équivalent de 16'000 terrains de foot.
Fragiles comme des oeufs
Ces jours, les dernières patates sortent de terre. « On les récolte entre mi-août et fin octobre, en fonction de la météo et des variétés », souligne Francis Bapst. « En ce qui nous concerne, on procède en deux temps. Nous les récoltons tout d’abord assez vite avec une arracheuse, en faisant un premier tri grossier. Puis des ouvriers finissent le travail à la main sur la trieuse, afin d’écarter les pommes de terre qui sont trop petites, vertes ou abîmées. »
Un travail minutieux : « Elles sont presque aussi fragiles que des œufs, ajoute encore le jeune agriculteur. Comme nous les utilisons durant 10 à 12 mois, il est important de faire très attention à ne pas les abîmer afin qu’elles puissent se conserver longtemps. »
Culture délicate
Par ailleurs, contrairement à ce que l’on entend souvent dire, la pomme de terre n’est pas simple à cultiver. « C’est une culture très sensible, fragile, assure Francis Bapst. Beaucoup de champignons peuvent l’atteindre, comme le mildiou, qui peut entraîner une perte totale de la culture. Ce qui a d’ailleurs causé des famines à l’époque. A cela s’ajoutent les insectes, les ravageurs tels que les taupes, les souris… En plus, il y a la météo. »
Et justement, les conditions météo de cette année n’ont pas permis de récolter autant qu’espéré. Les quantités sont inférieures d’environ 15% par rapport à la moyenne de ces dernières années : « En raison du printemps humide, la plantation a souvent eu lieu dans de mauvaises conditions ou tardivement, explique Christian Bücher, gérant de Swisspatat. De plus, le temps sec au début de l’été a aussi fait souffrir les cultures. »
Globalement, dans l’ensemble de la Suisse, la récolte est donc inférieure en quantité, mais aussi en qualité interne. L’aspect externe des patates étant lui totalement satisfaisant.
Près de 45 kilos par habitant
Retour chez Francis Bapst, dans le canton de Fribourg. « Chez nous, la quantité est dans l'ensemble bonne avec des mauvais résultats sur les parcelles qui résistent peu au sec », confie-t-il, en précisant : Le rendement total moyen est inférieur à une année normale, environ 5 à 10% je pense, car les parcelles arrosées compensent les autres. Quant à la qualité, elle est globalement bonne sauf sur ces mêmes parcelles. »
Pour 2023, le jeune agriculteur estime sa production à 1200 tonnes. Ses patates sont destinées à la transformation industrielle (chips, frites, röstis, purée) ou à la consommation directe.
La pomme de terre, que l’on dit « bonne à tout faire », est aussi une production très appréciée des consommateurs. Elle est même l’un des aliments les plus consommés par les Suisses : entre 42 et 45 kilos par an. A titre de comparaison, le chiffre s’élève à 24 kilos par an pour le riz.
Pascale Bieri/AGIR