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Débat avec le Club agricole de l’Assemblée fédérale à Berne
« La souveraineté alimentaire désigne le droit d’une
population, d’une région ou d’un pays à définir leur politique agricole et
alimentaire, sans dumping sur les
prix vis-à-vis de pays tiers ». Marcel Liner, président de l’Alliance
agraire, a ouvert les présentations en donnant la définition (mise au point par
l’organisation internationale Via Campesina) d’acception courante. Il ajoute
les points complémentaires essentiels : la priorité donnée à la production
agricole locale pour nourrir la population, l’accès des paysans au sol, aux semences
et à l’eau, le droit des paysans à produire des aliments et celui des
consommateurs à choisir librement, des prix agricoles liés aux coûts de
production et la reconnaissance des droits des paysannes.
Pour l’agronome, il existe une étroite parenté entre la
multifonctionnalité pratiquée en Suisse et la souveraineté alimentaire, en
particulier sous l’angle du développement durable. Tous deux représentent des
projets de société. Au niveau international, la Suisse est loin d’inonder de
ses productions le marché extérieur. Avec un auto-approvisionnement de 60%,
nous sommes des importateurs nets. A l’appui : un tableau montrant que nos
seuls surplus se situent du côté laitier avec un taux de 105% (en comparaison, la Hollande a un taux de à
200%).
Certaines bases de la souveraineté alimentaire apparaissent
en filigrane à l’article 104 de la Constitution fédérale et sont en lien avec une
douzaine d’autres articles. Cet éparpillement dans les textes légaux, associé à
une politique en faveur d’un marché toujours plus ouvert, freine l’avancée de
la notion défendue dans le forum de cet après-midi.
Pour Jacques Bourgeois, directeur de l’Union suisse des
paysans (USP), les défis mondiaux tels que la démographie et l’augmentation de
la consommation, ainsi que les changements climatiques et la perte de terres
agricoles, vont obliger le secteur primaire à répondre à une demande toujours
plus exigeante. Démontrant que la
Suisse est le pays qui importe le plus au monde, le
conseiller national souligne combien «Pour la Suisse, il est primordial de maintenir une part
de production indigène ». Jacques bourgeois a proposé, via une initiative
parlementaire, de compléter la loi sur l’agriculture par un article
introduisant explicitement la notion de souveraineté alimentaire. Il s’agit de
s’assurer « que les besoins de la population soient couverts pour
l’essentiel par une production indigène de qualité, durable et
diversifiée ». Encore faut-il distinguer sécurité alimentaire et
souveraineté, la première se contentant d’un « droit d’accéder à tout
moment pour chaque individu à une nourriture suffisante en quantité et en
qualité », la seconde, plus large, visant à mener sa propre politique
agricole vis-à-vis du consommateur et du pays. L’alternative à une
mondialisation risquée a suscité le débat : souveraineté ou/et
globalisation ?