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«Des maraîchers devront abandonner les serres au profit de cultures en champs»
Quelle est la stratégie énergétique de la branche?
Afin de satisfaire l’objectif national de zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050, l’UMS a élaboré sa stratégie. D’ici 2030, les serres devront être chauffées à 80% (charge de base + chauffage pour sécher) sans combustibles fossiles; et d’ici 2040, à 100% (charge de pointe, lutte contre le gel, fumure CO2).
Quelles sont les solutions alternatives?
Les énergie renouvelables, l’utilisation de chaudières à pellets ou à d'autres matériaux ou encore la récupération de la chaleur dissipée par des installations industrielles (comme les usines d’incinération). Mais il faut reconnaître que certains cantons auront plus de difficultés que d’autres. La situation à Genève est assez compliquée. Les alternatives manquent pour l’heure.
Aujourd’hui, les exploitations maraichères sont soumises à rude épreuve avec la hausse du prix du gaz et du mazout. Ne va-t-on pas fragiliser davantage le secteur en lui imposant le 100% renouvelable pour le chauffage d’ici 2040?
C'est un argument légitime. Mais on pourrait aussi dire que les derniers mois ont montré qu'il n'y a pas de sécurité d'approvisionnement en combustibles fossiles et que les alternatives peuvent ainsi conduire à une production moins coûteuse à long terme.
Les énergies renouvelables sont chères. Comment envisager un virage rentable?
Il est vrai qu’elles sont actuellement chères. C’est pourquoi, on aimerait avoir une garantie de la part de nos clients que la marchandise suisse soit achetée, qu’elle ne soit plus en concurrence avec celle provenant de l’étranger et que les coûts supplémentaires soient couverts. Pour l’heure, nous n’avons pas encore ces garanties. Il reste encore des efforts à fournir.
Actuellement, les exploitations sont-elles prêtes à suivre votre stratégie?
Le défi est de taille. Mais, je trouve assez impressionnant celles qui sont ouvertes à notre stratégie et qui sont prêtes à faire de gros investissements afin d’atteindre l’objectif fixé par l’Accord de Paris, à savoir réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990 d’ici 2030.
La stratégie 100% renouvelable pour le chauffage d’ici à 2025, exigée par Migros pour la production locale uniquement, met à rude épreuve les maraîchers. Comment voyez-vous cet objectif?
La pression est certaine pour les exploitations fortement dépendantes de Migros ou celles qui n’ont pas encore d’alternatives. Notre stratégie du 80% renouvelable pour le chauffage d’ici à 2030 laisse du temps aux producteurs pour s’adapter ou se réinventer en se tournant vers des cultures non chauffées. Certains devront peut-être abandonner les serres au profit de cultures en champs.
L’UMS est membre de l’Alliance pour les économies d’énergie mis en place par la Confédération. Est-ce important?
Nos producteurs sont conscients de leur responsabilité et nous ont fait part de leurs réflexions sur les économies d'énergie. L’UMS a formulé des recommandations sur cette base. Il serait dommage de ne pas communiquer cet effort de la production.
Kalina Anguelova/AGIR
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Suite de la série:
(1/4) La hausse du prix du gaz fait des ravages chez un maraicher genevois
(3/4) Le prix des poussines va grimper l'année prochaine
(4/4) Baisse de l'exportation de fromage en 2022