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Des pages sur un précieux capital agronomique
« Dans une France réputée pour avoir autant de fromages
que de jours de l’année, a-t-on bien réalisé ce que l’on doit au monde
vivant ? Car la richesse gustative des fromages de fabrication artisanale
est liée à la diversité des micro-organismes participant à leur fabrication. De
nombreux groupes microbiens sont présents dans chaque fromage. Chaque souche
produit des arômes particuliers ». Un exemple parmi d’autres présenté par
Christian Lévêque dans la « Biodiversité du vivant » pour illustrer
la valeur des « ressources génétiques ».
Ressources et réserves
génétiques
Cette notion phare de l’ouvrage, également au cœur de
certaines préoccupations agronomiques, fait l’objet du chapitre
« Apprivoiser et manipuler le vivant ». Le vocable «ressource »
devient, en certains chapitres, « réserve génétique » dans la mesure
où celle-ci représente une assurance sur l’avenir. Un effort a été fait pour
collecter et préserver des patrimoines biologiques issus d’une longue tradition
de sélection de la part des agriculteurs, en assurer la protection commerciale
et leur donner un statut juridique pour sauvegarder les droits des créateurs.
C’est un travail qui a nécessité la coopération des scientifiques, des
professionnels, des politiques et aussi des bénévoles dans le cadre de
mouvements associatifs. En guise d’illustration, un encadré raconte le
sauvetage in extremis du baudet du
Poitou, race décrite au début du 18e siècle qui pourrait remonter à
l’époque gauloise. Sur près de 300 pages, Christian Lévêque expose les
multiples aspects de la biodiversité, plus d’une centaine de thèmes agrémentés
de moult encadrés et citations. Cette diversité d’approches, qui nourrit le
débat dans ses subtilités, peut décourager le béotien.
Espèces introduites
Sur le même thème, par l’approche d’un angle spécifique, le
lecteur pressé pourra se contenter, du même auteur, d’un opuscule synthétique d’une
soixantaine de pages, qui tient dans la main : « Faut-il avoir peur
des introductions d’espèces? ». Si l’on pense au phylloxéra, « ce
minuscule puceron jaune introduit d’Amérique qui a détruit la quasi-totalité du
vignoble français au 19e siècle et entraîné la ruine de très
nombreux petits viticulteurs », la réponse est « oui ». Mais si
l’on fait référence au Bacillus
thunrigiensis, bactérie découverte en Amérique latine qui permet de lutter
biologiquement contre nombre de ravageurs, on pourrait admettre que non. Pour
Lévêque, il ne faut pas rester cantonné dans un débat « idéologique»
opposé aux introductions d’espèces. « En Europe, où de nombreuses
communautés biologiques sont des assemblages d’espèces qui se sont constitués
au hasard de l’histoire, il y a place sans aucun doute pour un regard plus
« amical » sur le rôle des espèces introduites dans les écosystèmes.
Il faut pour cela que l’écologie traditionnelles revisite ses fondamentaux et
inscrive délibérément la question de la biodiversité dans une perspective de
dynamique à long terme », Lévêque
dixit.
AGIR
De Christian Lévêque :
« La biodiversité au quotidien » aux éditions Quae/IRD, 286 pages,
2008 ; « Faut-il avoir peur des introductions d’espèces ? »
aux éd. Le Pommier, 62 pages, 2008