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Dixième assemblée de swissgranum à Berne
C’est avec quelques récriminations que le président John
Dupraz a ouvert l’assemblée des délégués. Ses doléances ont visé la politique
libérale de la Suisse
et l’ouverture des frontières, deux éléments qui font pression sur les prix et
freinent le développement des emblavures.
Les ombres au dernier tableau de l’organisation se profilent
en duo. Une réduction des prix seuils de 4 francs par 100kg est intervenue au 1erjuillet 2009, conformément à la décision du Conseil fédéral selon le 2etrain d’ordonnances de la PA2011. A
cela, on ajoute que le système de protection à la frontière des aliments
fourragers ne donne pas satisfaction ; il n’assure pas une protection
suffisante, en particulier pour des mélanges de composition très simplifiée.
Des entreprises étrangères offrent des mélanges composés essentiellement de
céréales à des prix inférieurs aux prix indigènes des céréales fourragères.
Le président n’a pourtant pas montré de découragement :
« Il est réjouissant de constater une augmentation marquée de la demande,
de la production et de la transformation de colza ».
A cette note optimiste, le secrétaire Didier Peter en ajoute
une autre concernant les mycotoxines, ces substances potentiellement
dangereuses produites par des champignons pathogènes : « Après deux
années difficiles, voici enfin une année normale où les récoltes sont très peu
touchées par les mycotoxines ».
Un moulin à paroles
La dixième assemblée des délégués de swissgranum a vu sa
partie statutaire quelque peu rétrécie. Ce sacrifice dans le protocole a permis
de mettre en valeur le dixième anniversaire de l’interprofession. Pour cette
occasion, l’assemblée s’est offerte la présentation du livre du jubilé ;
une allocution de Manfred Bötsch ; une table ronde sur l’approvisionnement
alimentaire mondial.
« Le moulin à paroles » n’est pas le commentaire
sur la conférence du directeur de l’Office fédéral de l’agriculture mais le
titre de l’ouvrage publié par swissgranum avec l’assistance d’un double quatuor
de linguistes, les uns pour les expressions françaises, les autres pour les
allemandes. Le sous-titre précise : « Dictionnaire d’expressions
courantes issues du monde des céréales et des oléagineux ».
Pour éviter le piège du «Moulin à paroles » et faire
savoir qu’il a du « Pain sur la planche », Manfred Bötsch a reconnu
l’érosion des prix agricoles et les disparités de revenu dans le monde paysan.
Son « Grain à moudre » se nomme multifonctionnalité. Et comme il ne
faut pas « Mettre la charrue devant les bœufs », le directeur de
l’OFAG a parlé « d’avance pas à pas » en intégrant au mieux les trois
axes prioritaires : sécurité (voire souveraineté) alimentaire, entretien
du paysage et maintien des ressources naturelles. Ses propos, «apportant de
l’eau au moulin », auraient parfois pu se traduire par « Nul grain
sans paille, chaque grain sa paille ». Le débat qui s’en est suivi a frisé
le « Il y a plus de paille que de grain ». Manfred Bötsch a néanmoins
tout fait pour montrer qu’il «met la main à la pâte » pour éviter de «fourrer
les paysans dans le pétrin ».