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Film agricole « Au Cœur de la Proximité »
«Après certains films
décourageants sur l’agroalimentaire globalisé, l’objectif de ce film est de
redonner un peu d’optimisme». Natacha Porcher qui présente le film ce mardi à la
Maison du paysan, à Lausanne, sait de quoi elle parle. Elle vient de terminer un
stage sous la houlette de la Fédération romande pour l’agriculture contractuelle
de proximité (FRACP). Son rapport permet de dénouer les ficelles régionales en
matière de « Situation et fonctionnement des initiatives d’ACP »
« L’agriculture
contractuelle de proximité (ACP) doit favoriser un développement agricole qui
permette au plus grand nombre d’agriculteurs d’accéder au métier et d’en
dégager un revenu rémunérateur ». Ainsi, le A de l’ACP cherche à inverser
la tendance à la disparition des fermes, à l’endettement et à la cessation
d’activité agricole. « Le contrat, négocié entre agriculteurs et
consommateurs, définit la qualité, la quantité, le mode de production, les prix
et les modalités de livraison des produits ». Le C (du contrat), est une
invitation au dialogue et au décloisonnement des mondes de production et
consommation, de la ville et de la campagne, des secteurs primaire (agricole),
secondaire (transformation) et tertiaire (services). Cette relation directe est
à la base du P de la proximité dans la mesure où la distance économisée par
l’ACP n’est pas seulement géographique. Cette dernière n’est d’ailleurs pas un
vain mot lorsque l’on sait qu’un aliment de supermarché, avant son arrivée sur
l’étalage, a souvent parcouru des centaines voire des milliers de km.
Le film s’ouvre avec la porte
du hangar des Jardins de Cocagne le jour des livraisons et se referme comme les
balles de paille après les moissons estivales. Vaste terrain d’éteules qui
laisse dans un paysage inhabité des rouleaux de chaumes. Contraste avec les
vues pleines de vie qui viennent de défiler.
Les séquences du «Au Cœur de
la Proximité » mélangent les réflexions de producteurs avec celles des
coopérateurs sur fond de récoltes, désherbages et autres travaux conviviaux. On
aborde la motivation sans ambition des pionniers : « On avait juste
envie de réaliser une idée » (selon Claude Mudry des Jardins de Cocagne). Le
succès est vite contagieux. Voilà que d’autres producteurs s’y mettent. Et les
voilà aussi vite débordés de demandes que ceux de Cocagne. Pour certains
consommateurs, la raison en est la proximité : « Autant j’aime
voyager, autant j’aime manger les produits du lieu et de la saison, logique de
fraîcheur, d’écologie et de découverte ». Découverte, c’est aussi la cause
de l’engouement des membres d’ACP : « Je n’avais pas l’habitude de
cuisiner les betteraves, mais je m’en suis pas mal sorti. Et puis, j’aime aller
donner un coup de main sur le terrain, c’est une nouvelle activité qui me
plaît ».
"La première fois que l’on
m’a parlé de ce système, j’ai été renversée. Je me trouvais en face d’une
révolution. Des consommateurs souhaitant une agriculture durable venaient nous
demander de mettre en place un système permettant de rémunérer le producteur à
son juste prix. Un nouveau mode de pensée se mettait en place ». Martine
Meldem, des Jardins du Flon, raconte la genèse d’un processus qui a besoin d’être
montré en exemple pour éviter que le vocable « Développement
durable » s’use dans le vide.