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« Je souhaite contribuer au débat sur l’agriculture »
En dix ans, 1500 exploitations agricoles ont disparu en Valais. Ce chiffre impressionnant, mis en parallèle avec la décision de l’Office cantonal de l’agriculture de créer une task force pour tenter d’enrayer cette hémorragie, est à l’origine du reportage de Viviane Givord diffusé le 22.08.2019 sur Canal9. Pour son enquête, qui donne la parole à de nombreux acteurs, la jeune journaliste de 33 ans a reçu le Prix Média de l’USP pour la région romande, suite à une présélection effectuée par l'Agence AGIR. Cette récompense, décernée pour la 11e fois consécutive, honore des travaux pertinents et de qualité sur le monde agricole. Viviane Givord partagera son prix avec Goretty Albasini, sa collègue qui a monté le reportage.
Qu’est-ce qui vous amenée à traiter ce sujet ?
La disparition des exploitations agricoles est un phénomène préoccupant pour tout le monde, puisque le rôle de l’agriculture est de nourrir la population. Lorsque j’ai appris qu’une task force allait se mettre en place, il m’a donc semblé important d’en parler, de contribuer au débat en tendant le micro aux personnes concernées, et notamment à de jeunes étudiants en agriculture. C’est comme cela que je conçois mon métier de journaliste, en restant neutre et objective, afin de permettre à chacun de se faire une opinion et non pas en cherchant la polémique.
Vous venez de recevoir le Prix Média de l’USP, qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Tout d’abord, je suis très fière et très honorée. C’est mon premier prix, en tant que journaliste, c’est donc une reconnaissance importante pour mon travail ainsi que pour celui de Canal9, où j’ai fait mon stage de journaliste RP entre 2015 et 2017, avant d’y être engagée comme JRI (ndlr : journaliste reporter d’images). Ce prix a d’autant plus de valeur pour moi que j’ai été nommée, à la rentrée de la chaîne au mois d’août, responsable pour les problématiques liées à l’agriculture, un domaine qui est, pour moi, aussi fondamental qu’intéressant.
Quelle est la première image qui vous vient aux yeux quand on vous parle d’agriculture ?
C’est un monde en profonde mutation, qui est aux prises avec de nombreuses exigences et contradictions de la part de la population. On le voit notamment avec les débats sur les produits phytosanitaires où les gens réclament une agriculture exemplaire sans forcément vouloir y mettre le prix ; il y a également tout le volet digitalisation qui implique des mutations très importantes et compliquées pour certains… Mais, pour ma part, je vois surtout un milieu qui se renouvelle constamment, avec beaucoup de dynamisme et de créativité. Cela se reflète notamment avec les marchés à la ferme, qui sont une nouvelle forme de distribution et qui arrivent très fortement en Valais, après s’être déjà installés dans les cantons de Vaud ou de Genève.
Est-ce que les sujets liés à l’agriculture intéressent votre public ?
Oui, beaucoup. On s’en aperçoit surtout via notre site web et nos réseaux sociaux, où l’on peut comptabiliser les visites. Les gens aiment surtout les portraits et évidemment tout ce qui touche aux spécificités valaisannes, comme les combats de Reines.
Et vous, êtes-vous issue d’un milieu agricole ?
Non, mais quand j’étais enfant, j’allais régulièrement chez ma grand-mère maternelle au Portugal ; elle vit à la campagne, où elle avait des lapins, des poules, des cochons… J’aimais beaucoup ça. Peut-être cela a t’il contribué à mon intérêt pour l’agriculture. Aujourd’hui, j’habite, au milieu des vignes dans le village de Corin, au-dessus de Sierre. Je n’ai pas de terres agricoles, mais je possède deux ruches que j’installe en été à l’alpage de l’Aprily, à Crans-Montana. J’ai été piquée par la passion après avoir réalisé un reportage sur l’apiculture.
Propos recueilli par Pascale Bieri/AGIR