Main Content
« Jeter des denrées alimentaires : c’est idiot »
« Plus de 800 kg de denrées alimentaires sont produits par an pour chaque Suisse. Produits mais pas consommés. En effet, 289 kilos sont perdus entre le champ et l’assiette et 37% de cette perte résulte des comportements inappropriés des consommateurs. Est-ce grave ou idiot ? », s’est interrogé Dominique Kohli, sous-directeur de l’OFAG, lors de la présentation de l’exposition mise sur pied dans le cadre de la Journée mondiale de l’alimentation et en partenariat avec le Comité national suisse de la FAO et la DDC.
Chiffres chocs
Installée pour deux jours (18 et 19 octobre) à la Waisenhausplatz de Berne et logée dans deux containers, cette exposition « a pour but d’informer, de sensibiliser et de susciter la réflexion. Elle doit être aussi un nouveau pas vers un comportement alimentaire responsable et donc respectueux des ressources naturelles engagées dans la production de denrées alimentaires », précise Dominique Kohli. Ainsi les parois de l’exposition présentent des chiffres permettant de quantifier le gaspillage alimentaire des consommateurs suisses. On y découvre par exemple que chaque citoyen jette en moyenne 94 kg de nourriture par année, ce qui représente une perte de plus de 2'000 francs pour un ménage de quatre personnes. Soit dans le détail : 557 francs de céréales, 430 francs de fruits et légumes, 360 francs de viande, 210 de boissons, 170 de lait et produits laitiers, etc.
Contre le gaspillage
Plus que des chiffres accablants, l’exposition présente également des outils pour réduire ce gaspillage. « Nous pouvons faire nos achats de manière plus consciente et ciblée. Nous pouvons stocker les aliments de manière appropriée. Nous pouvons préparer des portions adaptées, faire confiance à nos sens lorsque les aliments dépassent la date de vente ou de conservation et accommoder les restes », conseille le sous-directeur de l’OFAG. Et dans le détail, il est conseillé de bien différencier les dates de durabilité minimale et de limite de consommation inscrites sur les étiquettes des produits ; de placer chaque aliment au bon endroit : placard à provisions, frigidaire, cave et garde-manger ; de donner leur chance aux produits plus très frais mais encore consommables.
Philippe Rochat, chef triplement étoilé, est venu soutenir cette campagne de sensibilisation. Il a souligné qu’ « un bon cuisinier ne jette jamais rien, il est inventif, intelligent et curieux. Son secret : une grande rigueur dans les achats et un approvisionnement en produits locaux et de saison qui se conservent plus longtemps ».
Un impact global
Avec une population mondiale estimée à 9 milliards d’êtres humains en 2050, « nourrir toutes ces personnes sans pour autant avoir à disposition plus de terres ou d’eau sera un défi énorme », commente Michel Mordasini, vice-directeur de la DDC. Réduire les pertes au niveau de la production et améliorer le stockage des produits agricoles à l’échelle mondiale pourraient, selon la FAO, augmenter de 120 à 170 kilos la quantité de denrées alimentaires disponibles par habitant et par année dans les pays en développement, soit 30% de nourriture en plus pour ces populations.
A vocation itinérante, cette exposition, dont le coût global est estimé à 100'000 francs, sera traduite dans les trois langues nationales et déplacée dans différentes villes de Suisse pour permettre au plus grand nombre d’être sensibilisé à cette problématique « qui nous concerne tous ! », a conclu Dominique Kohli.
VB/AGIR