Main Content
La Journée des betteraviers sur le site d’Aarberg
Les Sucreries Aarberg et Frauenfeld SA (SAF) produisent chaque année quelque 250 000 tonnes de sucre suisse couvrant ainsi quasi intégralement les besoins du pays. Fondé le 16 novembre 1912, le site bernois célèbre ce week-end son centième anniversaire. Comme la Sucrerie d’Aarberg a été la première à développer durablement sa production, les festivités ont été placées sous le signe des «100 ans du sucre suisse».
A cette occasion, le public aura la possibilité, samedi et dimanche dès 9h, de visiter l’usine, de découvrir ses installations de production, ses ateliers et entrepôts, sa chaîne d’emballage robotisée. Les visiteurs pourront aussi assister à des démonstrations de récolte des betteraves avec les moyens techniques actuels, mais également à l’ancienne. La projection d’un film leur permettra de parcourir l’histoire du sucre en Suisse, tandis qu’une petite exposition les familiarisera avec la betterave et ses dérivés… pour laisser place ensuite à la dégustation de mets préparés par l’Association des paysannes du Seeland.
Journée dédiée aux professionnels
Mais avant ces festivités, une journée a été consacrée aux producteurs de betteraves. Très nombreux à répondre à l’invitation, ils ont eu l’occasion d’assister à des démonstrations techniques, à la visite guidée du site et de suivre la conférence d’Elisabeth Lacoste, secrétaire générale de la Confédération internationale des betteraviers européens (CIBE). Au cours de son intervention, l’oratrice est revenue sur la politique sucrière européenne et la situation du marché suite à la profonde réforme 2006 de l’Organisation Commune du Marché du Sucre (OCM Sucre). Rappelons les principaux impératifs dictant cette réforme : intégrer dans l’OCM Sucre les principes de la nouvelle PAC (Politique Agricole Commune) ; tenir compte de l’ouverture accrue du marché européen résultant d’engagements pris par l’Union Européenne auprès de pays en développement ; appliquer une décision de l’Organisation Mondial du Commerce (OMC) obligeant l’UE à réduire ses exportations de sucre.
Le règlement cadre qui a permis la mise en œuvre de cette réforme est basé sur deux mesures essentielles: la réduction des prix du sucre et de la betterave et l’abandon de quotas de production de sucre dans le cadre d’un fonds de restructuration.
Défendre les quotas de production
Elisabeth Lacoste a passé en revue les récents développements des marchés mondiaux et engagé une réflexion sur la future politique dans l’UE, ainsi que sur la place de l’industrie sucrière en Europe. Alors que depuis dix ans la part des exportations de sucre de l’UE sur le marché mondial a passé de 15% à 1%, la conférencière a souligné que la réforme de 2006 a conduit à une spécialisation de la culture de la betterave en Europe. Actuellement, 400 000 producteurs européens de betteraves cultivent 2 millions d’hectares. En comparaison, la Suisse compte 6 000 betteraviers qui se partagent 20 000 hectares de surface agricole, soit 1% de la production de l’UE.
Malgré la diminution des quotas et des exportations de sucre vers des pays tiers, Elisabeth Lacoste estime que la filière sucre a encore toute sa place en Europe, y compris en Suisse. Elle précise aussi que l’UE peut encore gagner en compétitivité, en travaillant par exemple sur la qualité variétale des betteraves, en améliorant les pratiques agricoles et les systèmes de production industrielle, en allongeant la durée des campagnes betteravières.
Et la conférencière de conclure qu’il est également essentiel, dans le cadre des débats politiques en Europe à propos du nouveau cadre budgétaire UE 2014-2020 que la filière professionnelle du sucre se batte pour le maintien des quotas de production dans l’UE et qu’elle surveille attentivement les marges et revenus agricoles face à la baisse des prix de la betterave et à leur volatilité.
Préserver le cadre contractuel
Au cours de la discussion qui a suivi la conférence, Samuel Keiser, président de la Fédération suisse des betteraviers (FSB) et Pierre-André Burnier, vice-président de l’Association des betteraviers de Suisse occidentale (ABSO) ont rappelé que la stabilité et l’évolution du marché suisse dépendaient également des mesures prises par l’UE et des fluctuations de prix. D’où l’importance pour les producteurs de betteraves et fabricants de sucre de se battre pour préserver entre eux un cadre contractuel collectif et solide leur permettant de rester compétitifs, de lutter contre une diminution trop importante des prix et de leurs revenus.
AR/ AGIR