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«La maladie de la vache folle reste sous surveillance active»
Deux cas atypiques d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) ont été découverts cette année dans le cadre du programme de surveillance de l’ESB. Faut-il s’inquiéter pour la sécurité de la chaîne alimentaire?
Non, les carcasses ont été éliminées dans les règles et incinérées. La viande des vaches malades n’est donc pas entrée dans la chaîne alimentaire. Il n’y avait aucun risque ni pour les êtres humains ni pour les animaux.
Si les cas atypique d'ESB venaient à augmenter, y aurait-il une incidence sur le statut épidémiologique international de la Suisse suivant lequel le risque de vache folle est considéré comme négligeable?
Non, les cas atypiques (ndlr: lire encadré en fin d’interview), comme ceux survenus dans les cantons de St-Gall et des Grisons cette année, n’ont aucune incidence sur le statut épidémiologique international de la Suisse.
A-t-elle disparu en Suisse, la maladie de la vache folle?
L’ESB classique a été combattue avec succès en Suisse. Dans les dix dernières années, il n’y avait aucun cas dans notre pays. L'ESB reste néanmoins sous surveillance active. Les détenteurs et détentrices d’animaux, eux aussi, ont une responsabilité. Ils sont tenus d'annoncer les cas suspects au vétérinaire de l’exploitation
En quoi consiste le programme de surveillance de l’ESB?
En Suisse et au Liechtenstein, le programme de surveillance de l’ESB est mis en œuvre dans deux groupes. En effet, sont soumis à une analyse les bovins à partir de 48 mois faisant l’objet d’un abattage sanitaire ainsi que les animaux de plus de 48 mois péris ou mis à mort à des fins autres que la production de viande. La surveillance passive comprend la clarification d’un nombre suffisant (souvent entre 20 et 30) de cas de suspicion cliniques, à savoir des bovins âgés d’au moins 24 mois présentant des symptômes neurologiques.
Peut-on dire que la surveillance elle intensive en Suisse?
L'activité de surveillance est stable. En 2022, les analyses ont porté sur environ 4500 abattages sanitaires et presque 5800 bovins péris ou mis à mort. Soit un total de plus de 10’000 animaux testés. S’ajoutant aux 22 cas de suspicion examinés dans 22 exploitations et aux analyses effectuées durant les sept dernières années, ces nombres suffisent pour répondre aux exigences de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) en vue d’obtenir en 2022 le statut «risque négligeable».
Quel est le coût par année pour la Confédération pour maintenir un tel programme de surveillance?
Les coûts de la surveillance s'élèvent à environ 1 million de francs par année
En quoi est-ce nécessaire de le maintenir?
La surveillance de l’ESB vise à garantir le statut de la Suisse en tant que pays à risque d’ESB négligeable, ce qui est la catégorie la plus sûre. Ce statut se rapporte à la forme classique de la maladie.
A-t-il une originalité par rapport à ceux existant ailleurs en Europe?
Le statut de la Suisse en tant que pays à risque d’ESB négligeable est reconnu en Europe et dans le monde entier. Tous les pays doivent mettre en œuvre un programme de surveillance adapté à leur niveau de risque s'ils veulent participer au commerce international.
La viande bovine importée, peut-elle être contrôlée de manière fiable?
L'ESB ne peut pas être détectée dans la viande. Seule la viande bovine provenant de pays considérés comme sûrs en matière d'ESB peut être importée en Europe et en Suisse. Autrement dit, de pays qui ont mis en œuvre des mesures efficaces.
Les contrôles de la viande bovine importée font-ils partie du programme de surveillance de l’ESB?
Non, l'ESB ne peut pas être détectée dans la viande.
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Qu’est-ce que l'ESB atypique?
«L'ESB atypique est une maladie très rare touchant un seul animal, qui se manifeste chez les bovins âgés. Il s'agit d'une maladie à prions qui peut être transmise aux bovins dans des conditions expérimentales. Dans la nature, aucune transmission directe entre bovins n'a été décrite à ce jour», explique le professeur Torsten Seuberlich de la Division des sciences neurologiques, à la Faculté Vetsuisse de l’Université de Berne. Et de détailler: «Il existe deux formes d'ESB atypique qui se distinguent par les caractéristiques du prion. Dans les deux formes, on part du principe que la maladie est spontanée chez les bovins. On ne sait pas si une transmission peut avoir lieu via l'alimentation des bovins avec des farines d'os de viande (FKM), car cette pratique est interdite depuis 1990 avec l'apparition de la forme classique de l'ESB. Une transmission à l'homme, comme cela a été le cas pour l'ESB classique, n'est pas connue pour l'ESB atypique. Légitimement, on peut se demander si l’on risque à l’avenir d’avoir l’émergence d’une variante de l'ESB atypique plus dangereuse? Pour l’expert, «ce scénario est très improbable si l'on maintient les mesures actuelles de lutte contre la forme classique de l'ESB, c'est-à-dire l'interdiction d'alimenter les ruminants avec du FKM. Quant au risque d’avoir une augmentation de cas de l'ESB atypique, Torsten Seuberlich se veut rassurant: «L'incidence des cas d'ESB atypique est constamment faible depuis de nombreuses années, avec environ 1 cas par an pour 1 million de bovins adultes dans l’Union européenne et dans d'autres pays qui surveillent intensivement l'ESB. En l'état actuel des connaissances, il ne faut pas s'attendre à ce que ces chiffres augmentent à l’avenir, si les mesures de lutte contre l'ESB chez les ruminants sont maintenues.»
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Kalina Anguelova/AGIR