Main Content
La vigne à l'heure des drones
Comme dans la plupart des salons dédiés aux métiers de la terre à l’heure actuelle, Agrovina avait décidé de mettre en avant les innovations technologiques. Le salon regroupait, fin janvier dernier, les acteurs de l'œnologie, de la viticulture et de l'arboriculture au CERM de Martigny (VS). Les visiteurs ont pu ainsi assister à plusieurs conférences portant sur les atouts du drone dans la viticulture. Et trois acteurs du marché étaient présents: AgroFly de Monthey, Digitalroots de Collombey-Muraz et Aero41 d’Aigle.
“Le drone a plusieurs avantages, relate Frédéric Hemmeler, directeur d’Aero41. Au niveau de la santé, premièrement, l’exposition des travailleurs aux produits de traitement est bien inférieure que lors de l’utilisation d’un moyen de traitement au sol. Les sols sont également préservés avec un drone contrairement à une chevillette ou un enjambeur qui sont des machines relativement lourdes. Enfin, il y a l’aspect de la flexibilité dans le contexte actuel d’une agriculture plus responsable, plus douce. Par exemple, quand on traite en bio ou en biodynamie, on doit être capable de traiter à nouveau s’il a plu pendant la nuit. Là, le drone amène de la flexibilité, car il pourra répéter facilement la tâche effectuée la veille.”
Moins de personnel, moins de produits phytosanitaires
La flexibilité est aussi l’argument mis en avant par Sébastien Micheloud, directeur de Digitalroots qui inclut la marque Agri.Aero de traitement par drone. “Avec le drone, il est possible d’intervenir rapidement sur des zones escarpées et avec peu de personnel, explique-t-il. Nous avons par exemple des clients dont les vignes en terrasses nécessitent treize personnes pour tirer les tuyaux lors d’un traitement au sol. Nous, avec deux personnes, nous intervenons très vite.” L’entrepreneur souligne aussi la protection de la santé des travailleurs qui ne sont plus exposés directement aux produits grâce aux machines volantes.
Pour Frédéric Hemmeler, l’usage de ces nouvelles technologies pourrait aussi “réduire, à moyen terme, l’usage des produits phytosanitaires”. Cela pourrait se faire en ciblant de mieux en mieux les traitements, avec notamment l’apprentissage que ces machines pourront faire, notamment en fusionnant les différentes informations disponibles sur l’état sanitaire des vignes. Avec les drones, il est ensuite possible d’aller traiter seulement où la vigne en a réellement besoin.
100’000 hectares de vignes “compliquées”
Reste que l’accès à cette technologie a un coût. “C’est effectivement un frein, réagit Sébastien Micheloud. Cela peut être problématique pour les vignerons professionnels qui sont déjà bien équipés. Mais comme dit auparavant, le drone permet aussi de libérer complètement les équipes pendant la période de traitement.”
Le drone a donc, selon ces nouveaux acteurs, un bel avenir au-dessus des vignes suisses et étrangères. “En Suisse et dans les pays qui nous entourent, il y a plus de 100’000 hectares de vignes qui sont compliquées, pas ou très difficilement mécanisables, relate Frédéric Hemmeler d’Aero41. Le potentiel économique est très grand. Pas seulement en terme de bouteilles vendues, mais aussi par le nombre de familles qui vivent des vignes, et de la valeur ajoutée qu’apportent ces nouveaux produits sur le marché.”
Après des années 2018 et 2019 qui ont vu les premiers essais de traitements des vignes par drones se mettre en place, ce marché pourrait exploser ces prochaines années. “Il y a de la place pour plusieurs acteurs, estime Sébastien Micheloud. Après, ce sera la qualité du travail qui fera la différence. Nous sommes déjà plusieurs et les parts du marché sont assez grandes.”
AGIR