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Le 1er Forum de l’économie du Nord vaudois s’est penché sur l’avenir de l’agriculture
Le déplacement à Sainte-Croix et une météo maussade n’ont pas empêché, hier après-midi, un public nombreux de se rendre à cette nouvelle version du Forum de l’économie du Nord vaudois. L’Association pour le développement du Nord (ADN) a en effet décidé de recréer un évènement après le déplacement de l’ex. Forum Economique du Nord Vaudois à Lausanne sous le nom de FOROM.
Pour cette première, les organisateurs avaient choisi le thème de «l’agroalimentaire à l’heure du drone». Simon Zbinden, Chef de la division Programme global Sécurité alimentaire à la Direction du Développement et de la Coopération (DDC), a présenté les investissements de la Confédération « vers des systèmes agroalimentaires plus durables ». « Au regard des nombreux défis globaux qui nous attendent, on ne peut plus se focaliser sur un seul secteur, a-t-il précisé d’emblée. C’est pour cela que nous parlons aujourd’hui de systèmes agroalimentaires. »
L’augmentation de la population, le réchauffement climatique, mais aussi la forte dégradation des sols ont donc un grand impact sur l’agriculture, et pourraient compromettre sa durabilité. Pour Simon Zbinden, « il faut absolument changer nos systèmes en respectant cinq principes : réduire l’empreinte écologique de l’agriculture, comme les engrais ou les pesticides, produire plus sur les terres agricoles disponibles, utiliser les ressources de manière plus efficace, changer notre alimentation et réduire drastiquement le gaspillage alimentaire».
L’internet des objets, le « big data », la démultiplication des écrans sont des évolutions qui offrent de nouvelles possibilités, selon le représentant de la DDC. « Une application qui fonctionne déjà très bien, ce sont les outils de télédétection permettant de gérer plus efficacement les ressources naturelles, comme ceux mesurant l’état de la nappe phréatique. Un autre exemple, ce sont les satellites de l’Agence spatiale européenne qui effectuent des mesures sur les cultures afin de prévenir des petits paysans, via un smartphone, en cas de risques sanitaires ou sur la prévision des récoltes. » Cette dernière solution, soutenue par la DDC, est actuellement mise en place au Viêt-Nam.
Des innovations aux formes multiples
Jean-Marc Chappuis, sous-directeur de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG), a rappelé quant à lui le soutien de la Confédération à des projets de recherche dans différentes universités et hautes écoles, mais aussi via l’Agroscope et sa ferme expérimentale « Swiss future farm » située dans le canton de Thurgovie. « Cela touche, entre autres, les technologies liées à la blockchain, aux drones, aux capteurs, à la reconnaissance d’images satellites ou encore la robotique, a-t-il énuméré. Nous avons aussi les moyens de soutenir les initiatives des agriculteurs, comme les plateformes de commercialisation qui sont très intéressantes pour toucher de nouveaux consommateurs. »
Troisième intervenant, Alain Schacher, Directeur de l’Agropôle de Molondin, a plaidé pour un plus fort soutien aux agriculteurs « entrepreneurs ». Il a présenté la plateforme vaudoise qui regroupe les différents acteurs de la « food tech » et de la « green tech » avec des start-up comme CombaGroup active dans la mise en place de systèmes de cultures automatisées, hors sols et en aéroponie, ou ecoRobotix qui développe des robots de pulvérisation de haute précision pour les cultures de betteraves sucrières, rumex, haricots, oignons et colza, « dans l'intention de réduire l'impact écologique négatif de l'agriculture moderne ». « C’est cette mixité qui stimulera l’innovation de demain, le fait de confronter les gens des grandes écoles aux réalités du marché et du terrain, a déclaré Alain Schacher. »
Enfin, Florence Tagini, ingénieure agronome et exploitante agricole à Bullet, a fait part de son expérience. Un stage en Nouvelle-Zélande lui a permis de se rendre compte des différentes réalités, notamment sur les élevages intensifs et les normes sanitaires, en place dans un marché global de l’agriculture. « Les normes de production en Suisse sont les plus strictes au monde, a-t-elle déclaré. C’est ce qui nous différencie. Nous produisons de la nourriture de haute qualité. Et je pense que nous devons mettre en avant cette plus-value qui influence nos pratiques et notre environnement. »
La technologie ne résout pas tout
La table ronde qui a suivi ces quatre exposés a, quant à elle, mis en avant le contraste entre les inquiétudes des agriculteurs dans le climat actuel et les espoirs d’un futur de l’agro-alimentaire utilisant toute sorte de technologies. Dans ce cadre, Jean-Marc Chappuis de l’OFAG a donné un exemple parlant : « actuellement, un agriculteur qui possède 20 vaches laitières se retrouve « sous l’eau », or, grâce à la technologie, il pourra peut-être posséder 200 vaches, mais il sera toujours « sous l’eau » ». Malgré les grands espoirs qu’elle suscite, notamment pour augmenter la production, s’adapter aux changements climatiques, diminuer l’usage des intrants et des produits phytosanitaires ou encore augmenter la traçabilité des produits alimentaires, la technologie ne résout donc pas tous les problèmes, et il convient aussi de regarder la situation dans sa globalité, que ce soit au niveau social, politique ou économique.
Le Forum de l’économie du Nord vaudois fut également l’occasion d’assister à la remise du nouveau pris PEPS. Celui-ci entend récompenser une personne de la région « qui se distingue par son action, son leadership ou son charisme au service de la collectivité ». Pour cette première édition, le prix doté d’un chèque de 2000 francs est revenu à Stéphanie Favre. Avec ses trois associés, elle a mis en place « La Petite Epicerie » à Bavois, soit un magasin en libre-service proposant des produits locaux et dont l’accès ou l’achat s’opèrent via une application smartphone.
La prochaine édition du Forum se déroulera le 7 octobre 2020 dans un lieu qui sera communiqué ultérieurement.
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