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«Le jura dispose du plus grand réseau équestre en Suisse»
En tant que président du projet Marguerite, vous devez être particulièrement heureux de le voir enfin terminé ?
Oui. Le projet a débuté en 2016 et a nécessité plus de 10’000 heures de travail. Il y a de quoi être heureux, fier et soulagé. Outre le Jura et le Jura bernois, la création de parcours équestres se développe dans d’autres régions, notamment aux Grisons, en Argovie et en Appenzell. Au vu du développement du projet Marguerite, ils nous sollicitent pour des conseils. C’est bien la preuve de notre succès.
De combien de kilomètres disposent désormais les amoureux d’équitation?
Ce projet de développement régional (PDR), soutenu financièrement par l’Office fédéral de l’agriculture et les cantons du Jura et de Berne à hauteur de 7,5 millions de francs, a permis la création et le balisage d’un réseau équestre s’étendant sur neuf régions jurassiennes. La réalisation de ces nouveaux parcours, 1000 km, a complété le réseau existant, 500 km, et bien connu des Franches-Montagnes, qui déborde sur Tramelan et Bellelay (Jura bernois), mis en place il y a plus de vingt ans.
Quelle est sa particularité ?
Il s’agit du plus grand réseau équestre établi en Suisse. Nous avons développé, en collaboration avec l'Office fédéral des routes, une signalétique particulière pour la signalisation des tracés sur le terrain, ce qui est une première en Suisse. Nous avons aussi introduit la vignette - renouvelable chaque année - donnant le droit de se balader à cheval, à l’image de celles pour les automobiles. L’argent servira à l’entretien du réseau équestre.
Avez-vous l'impression que le milieu équestre est méconnu dans le Jura ?
Il est vrai que dans les Franches-Montagnes la randonnée à cheval est assez connue. Ce qui n’est en revanche pas le cas dans le reste du canton, d’où notre envie de développer l’activité équestre en optimisant et en rendant les parcours attractifs pour les touristes.
En quoi a-t-il été bénéfique à l’agriculture ?
Le projet Marguerite a permis la valorisation des produits du terroir en permettant la construction de plusieurs espaces de vente chez des agriculteurs. Un particulier a pu construire un laboratoire de transformation dans lequel sirops, confitures et fruits séchés sont produits avant d’être stockés dans un local adéquat, également réalisé grâce au PDR. Un autre à pu mettre en place une cave à fromage ou un sentier didactique sur le thème de la biodiversité dans l’agriculture. Le projet a aussi financé la construction de barrières dans les prairies et pâturages. Relativement hautes, elles s’ouvrent facilement par le cavalier et se ferment automatiquement après son passage. De cette manière, il n’y a aucun risque qu’un animal s’échappe.
Quid du soutien apporté au tourisme ?
Le projet a soutenu l’agritourisme en développant les activités équestres et en permettant à des particuliers l’aménagement d’appartements de vacances et de chambres d’hôtes. De plus, grâce aux nouvelles pistes, les cavaliers peuvent découvrir l’extraordinaire nature du Jura et du Grand Chasseral composée de denses forêts, de chemins escarpés, de rivières ou encore de sublimes pâturages et prairies boisées. Les itinéraires équestres, les haltes pour un pique-nique, les gîtes pour la nuit sont indiqués sur des cartes de randonnées. L’application SuisseMobile reste une option future.
Quelles étaient les principales difficultés ?
Obtenir les autorisations de passage de la part des communes, des bourgeoisies et des propriétaires privés. Il a fallu mener de nombreux échanges avec les propriétaires concernés par les passages, les rassurer sur les éventuelles nuisances que la création des nouveaux tracés pouvait engendrer. Le balisage des réseaux était aussi laborieux. Nous avons fait appel à des cavaliers expérimentés pour nous aider à découvrir de nouvelles pistes et aussi valider et officialiser celles empruntées naturellement par les gens.
Avez-vous l'impression de créer des ponts entre la ville et la campagne ?
De plus en plus. Nous espérons attirer de nombreux touristes avec ce réseau équestre attractif, dont les citadins qui ont l’habitude de faire du cheval en manège. Ils pourront s’émerveiller à l’idée de pratiquer l’équitation en nature et de rencontrer le cheval de race Franches-Montagnes, l’emblème de toute une région. Robuste et endurant, le caractère doux, calme et jovial, il est parfaitement adapté à l’exercice. Les balades sont possibles même pour les personnes n’ayant jamais pratiqué l’équitation. Aucune crainte à avoir, à la location d’un cheval, ils bénéficieront d’une petite formation bien ordonnée.
Combien d’agriculteurs disposent d’écuries pour la location de chevaux ?
Les randonneurs profiteront des prestations d’une soixante de sites agritouristiques et parmi eux une bonne trentaine ont été répertoriés proposant des boxes ou des écuries.
Propos recueillis par Kalina Anguelova/AGIR