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Le porc, maillon fort de l’agriculture
Un marché fortement local
En Suisse, l'élevage de porcs occupe une place de poids dans l’autosuffisance alimentaire: la production nationale couvre environ 94% des besoins en viande porcine. Un chiffre impressionnant, surtout lorsque l’on sait que l’autosuffisance alimentaire globale du pays se situe autour des 50%.
Par ailleurs, cette production locale, qui repose sur des circuits courts, permet une excellente traçabilité et soutient les économies régionales tout en réduisant l’impact environnemental en limitant les transports liés aux importations.
Cela étant, la filière porcine est vulnérable aux crises de surproduction, et ces fluctuations, dues au marché libre de l'offre et de la demande, fragilisent les acteurs de la branche. Toutefois Suisseporcs, l’organisation faîtière, recherche activement des mécanismes qui pourraient stabiliser la production et éviter de telles situations. Voir notre article: "Le marché du porc à la recherche d’un équilibre durable".
Une viande qui répond aux attentes
Au niveau nutritionnel, la viande de porc n'a pas toujours bonne presse, mais à tort. "Aujourd’hui, des études démontrent qu’en termes nutritifs, elle est aussi bonne que d’autres viandes, tout en restant très compétitive au niveau des prix", souligne Olivier Pittet, invité permanent du comité de Suisseporcs Romandie.
De plus, la filière porcine suisse bénéficie d’un suivi rigoureux tout au long de la chaîne de production et l’utilisation d’antibiotiques y est très faible, ce qui garantit des protéines qualitatives, tout en répondant aux attentes des consommateurs, côté goût. "Les consommateurs suisses recherchent une viande avec une fine bordure de graisse, ni trop épaisse ni trop maigre", ajoute Olivier Pittet. "Grâce à une sélection génétique adaptée, cet équilibre entre tendreté et saveur répond à ces attentes."
Bien-être animal
L’élevage porcin suisse se distingue aussi par des standards de bien-être animal qui dépassent largement les normes européennes. "Aujourd’hui, en Suisse, les porcs vivent dans des espaces 30 à 40% plus grands qu’ailleurs en Europe. Et depuis les années 1990, les truies gestantes ne sont plus confinées en cages", se réjouit Olivier Pittet.
Les réglementations récentes ont encore renforcé les exigences. Ainsi, depuis 2018, l’interdiction des caillebotis complets –ces sols ajourés sur lesquels les porcs vivaient en continu– et l’augmentation des surfaces disponibles par animal ont obligé de nombreux éleveurs à moderniser leurs infrastructures. Plutôt que de réduire leur activité, la plupart ont en effet choisi d’investir dans des installations plus respectueuses des animaux, tout en maintenant leur production.
"Beaucoup d’éleveurs vont même au-delà des normes minimales", ajoute Olivier Pittet. "Certains appliquent les standards des labels sans pouvoir valoriser pleinement leurs engagements, faute de demandes suffisantes pour ce type de viande. Les consommateurs souhaitent des normes élevées pour le bien-être animal, mais lorsqu’ils font leurs courses, ils privilégient plutôt les prix attractifs."
Le porc, champion de l’économie circulaire
Les porcs jouent également un rôle clé dans la valorisation des sous-produits agricoles. Ainsi, les petites pommes de terre invendables, les restes de boulangerie ou le petit-lait provenant des fromageries, qui seraient autrement jetés, servent à nourrir les porcs. "Sans eux, il serait très difficile de gérer ces éléments", souligne Olivier Pittet.
Pour reprendre l’exemple du petit-lait, il est produit en grande quantité, mais sa forte teneur en eau empêche son utilisation dans d’autres filières comme la production d’énergie. En revanche, intégré à l’alimentation des porcs, il devient une ressource précieuse.
Bref, ce circuit de recyclage permet à la fois de réduire le gaspillage, de limiter les déchets et d'optimiser l’utilisation des matières issues des exploitations agricoles: un exemple concret d’économie circulaire.
Pascale Bieri/AGIR
VOLET 1/2 : Le marché du porc à la recherche d’un équilibre durable