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L’économie familiale en quête de modernisation
La tendance est grande chez les consommateurs: il faut manger local, de saison et sainement. Les responsables de l’économie familiale veulent surfer sur la vague en se positionnant comme atout numéro un pour atteindre cet objectif. “L’économie familiale permet un premier pas vers l’écologie, confirme Anne-Marie Pavillard, directrice du CEMEF, le Centre vaudois d'enseignement des métiers de l'économie familiale. Notamment en rendant sensible sur l’alimentation et les produits locaux.”
C’est avec ce discours moderne que l’économie familiale tente de séduire le public, mais aussi par l’intermédiaire de “portes ouvertes” organisées ce jeudi 21 mars, lors de la journée mondiale de l’économie familiale. Des événements sont en effet prévus dans différents cantons. Sur Vaud, c’est sur le site d’Agrilogie Grange-Verney à Moudon que les étudiantes partageront le savoir acquis lors de la formation à travers l’élaboration d’un repas et des démonstration lors d’ateliers pratiques.
Avec une communication verte, concernante, et une volonté de s’ouvrir au grand public, l’économie familiale veut donc se refaire une image, mais compte aussi sensibiliser le monde politique sur l’importance de ces formations. C’est ce que confirme Silvia Amaudruz, présidente de l’Association des Paysannes Vaudoises. Celle qui est à l’origine de l'événement organisé ce 21 mars dans le canton romand pense que l’économie familiale doit s’adapter à une société en pleine évolution. “Oui, il faut moderniser cette formation, déclare-t-elle. Mais cela est déjà en train de se faire. Un jeune homme de la dernière volée des cours blocs à Marcelin a d’ailleurs reçu le prix de la couture! Les mentalités sont en train de changer, et on remarque chez la jeunesse qu’il y a de moins en moins ces barrières face aux tâches ménagères.”
Programme à revoir
Au-delà des questions de genre, le contenu même de la formation pourrait être revu. Celui-ci semble, en effet, ne plus être adapté aux préoccupations du monde actuel. Il faut dire que, dans le canton de Vaud, le règlement date de 2000. Selon Anne-Marie Pavillard, il conviendrait, par exemple, de mettre l’accent sur la prise en charge de petits enfants, les aspects liés à leur santé ou leur éducation, car il s’agit là d’une demande toujours plus grande chez les familles qui accueillent les étudiant-e-s. Autre exemple: la cuisine. Les familles ne veulent plus passer des heures à préparer des repas et les cours pourraient se concentrer sur une cuisine qui demande moins de temps.
Les responsables de l’économie familiale profiteront ainsi de cette journée mondiale pour interpeller le monde politique sur ces questions. “Si on participe à cette journée, c’est aussi pour sensibiliser les politiques, démarrer une réflexion pour la suite, et montrer ce que l’on fait”, relate Anne-Marie Pavillard. Certains élus ont d’ailleurs déjà exprimé leur préoccupation, notamment sur la disparition des cours de cuisine à l’école. En septembre dernier, l’UDC Aliette Rey-Marion et le socialiste Stéphane Montangero ont ainsi déposé une interpellation au Conseil d’Etat vaudois sur le fait que Vaud est «dernier de classe romand» en ce qui concerne l’enseignement de l’économie familiale.
Formation jugée un peu “ringarde” en Suisse romande
Les disparités sont donc présentes au niveau cantonal. Mais cela est encore plus vrai entre les régions linguistiques. Ce 21 mars, beaucoup plus d’évènements seront organisés en Suisse alémaniques. “Je suis contente que, sur le canton de Vaud, on ait réussi à mettre en place un événement, se réjouit Silvia Amaudruz. Mais dans d’autres cantons, il y en a beaucoup plus. En Argovie, il y en a environ 6 ou 7 de prévus, notamment parce que des écoles organisent la journée entière consacrée à l’économie familiale.”
Le fait que cette formation soit quelque peu dévaluée dans les régions francophones viendrait justement de ce besoin de modernisation. “En Suisse alémanique, il y a une plus longue tradition, et l’économie familiale reste encore très importante, répond Silvia Amaudruz. Peut-être qu’en Suisse romande, les gens sont plus sensibles à l’aspect vieillissant de certains des enseignements, comme le repassage ou la couture. Ils trouvent cela un peu ringard.”
A l’heure où les plans d’études font de plus en plus la part belle à l’enseignement de branches professionnalisantes, la formation de l’économie familiale tentera donc de prouver son importance pour qu’elle garde une place importante dans la formation en Suisse.
AGIR
https://www.paysannes.ch/fr/alimentation/economie-familiale/