Remettre du goût dans les assiettes. C’était l’objectif de Christine et Robert Zollinger, quand ils ont créé leur entreprise de semences bio – l’une des plus anciennes de Suisse – dans le canton de Thurgovie, en 1984, afin de permettre aux détenteurs de jardins potagers de cultiver d’anciennes variétés de légumes, avec de vraies saveurs.

Un héritage pour le goût et la diversité

"Après la Seconde Guerre mondiale, la grande distribution a profondément changé nos modes de consommation. On a sélectionné des nouvelles variétés de légumes pour leur capacité à supporter les longs trajets et à se conserver plus longtemps. Malheureusement, cette évolution s'est faite au détriment du goût", explique Falc, qui dirige aujourd’hui Zollinger Bio aux côtés de ses trois frères.

D’où l’envie de remettre au goût du jour ces vieux légumes dans les jardins. "On voyait de plus en plus les mêmes variétés robustes, mais souvent insipides, pousser également chez les particuliers. Ce qui n’avait pas beaucoup d'intérêt", poursuit Falc Zollinger. "Avant, chaque village, chaque région avait ses propres variétés. Nos parents ont alors eu l’idée de lancer un appel d’offres à tous ceux qui sélectionnaient des semences depuis des générations, afin de pouvoir les préserver et les faire revivre dans de nombreux potagers."

Le premier catalogue, sorti en 1987, comprenait 12 variétés anciennes. Aujourd’hui, il en recense 450. Dans ce laps de temps, l’entreprise Zollinger Bio a également déménagé aux Evouettes, en Valais, en 1991, où elle dispose désormais de 25 hectares. Les conditions climatiques plus favorables facilitent aussi la production de graines de qualité.

Une nouvelle stratégie: cibler les maraîchers

Si, jusque-là, Zollinger Bio s’adressait donc à monsieur et madame Tout-le-monde, aujourd’hui l’entreprise a décidé de revoir sa stratégie et de s’adresser également aux professionnels de l’agriculture. "L’intérêt pour le jardinage a diminué, et le boom observé pendant la pandémie de Covid-19 s'est estompé. Les jeunes veulent des résultats rapides. Ils sont à la recherche de plaisirs immédiats et sont de moins en moins prêts à investir du temps dans un potager", observe Falc Zollinger.

L’entreprise souhaite donc travailler également avec des maraîchers, et plus précisément avec des maraîchers de taille moyenne, qui cultivent sur 10 à 50 hectares et travaillent en vente directe ou en circuits courts. "Ces maraîchers ont besoin de se différencier; ils peuvent le faire en attirant une clientèle qui recherche des produits authentiques et différents, avec du goût", relève Falc. "Jusqu’ici, nous ne pouvions pas répondre à cette demande, car nous ne commercialisions nos graines que par petits emballages de 30. Nous allons donc également les proposer en vrac."

Par ailleurs, en 2024, l’entreprise a également reçu un mandat de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) pour recenser les tomates qui ont un lien avec la Suisse, afin d’en faire un catalogue avec un descriptif complet de chaque variété. Actuellement, 76 variétés différentes ont été identifiées, après analyses génétiques. Elles pourront ensuite être à disposition de particuliers et des professionnels qui souhaitent les cultiver.

Pascale Bieri/AGIR