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"Les chasseurs n'ont pas à avoir honte"
Le chef du Service valaisan de la chasse, de la pêche et de la faune (SCPF), Nicolas Bourquin, n'a eu de cesse de le marteler, ce mardi matin à Sion: ce n'est pas parce qu'un chasseur aura suivi la formation dédiée qu'il pourra s'en aller tirer des loups comme il tire des renards. Son service a, certes, anticipé la mise en œuvre de l'ordonnance fédérale révisée, afin qu’elle puisse être appliquée à partir du 1er décembre 2023 et jusqu'au 31 janvier 2024. Mais la régulation proactive ne pourra débuter avant la réception de l’autorisation de l’Office fédéral de l'environnement, puis une autorisation pour chaque prélèvement de meute sera publiée dans le Bulletin officiel. L'effet suspensif du droit de recours sera toutefois levé: le canton explique que la situation de surpopulation décrite par l'OFEV le justifie pleinement.
Strict anonymat garanti par les autorités
En attendant, l'implication des chasseurs en renfort des gardes-faune, habituels "organes d'exécution" des autorités, a débuté: hier lundi soir, une première formation à la régulation du loup s'est tenue dans le Bas-Valais, avant le Haut et le Valais central, et environ 200 chasseurs y auraient déjà participé, sur les 800 à 900 qui se sont montrés intéressés à s'investir. La presse, elle, n'était pas conviée, tant il s'agit, pour le canton, de garantir partout l'anonymat, en insistant sur les risques d'une quelconque publication sur les réseaux. Ainsi seuls trois membres du SCPF connaîtront l'identité d'un tireur. Pourtant le chasseur valaisan, et instructeur à la Fédération valaisanne des sociétés de chasse, Fernand Pitteloud a, lui, accepté de répondre à visage découvert ce matin. C'est son témoignage que nous vous proposons ici en vidéo.
Une efficacité à démontrer
La formation proposée traite des caractéristiques physiologiques du prédateur, des difficiles conditions de son identification, la plupart du temps la nuit, sachant que ce sont les jeunes spécimens qui seront les premiers visés. Les chasseurs apporteront leur soutien aux autorités dans les secteurs autorisés lors de la chasse aux petits prédateurs (permis E) et au sanglier (permis S). Ils ne pourront ainsi pas utiliser des caméras thermiques pour tirer, mais uniquement pour observer. Certains chasseurs spécialisés seront également intégrés dans le groupe de soutien chasse (GSC) sous la responsabilité du SCPF. Eux agiront sur ordre du garde-faune professionnel et pourront disposer des moyens auxiliaires interdits habituellement lors de la chasse ordinaire. Le Service de la chasse demande en outre à la population de signaler immédiatement toute observation de loup aux gardes-faune du secteur, plus particulièrement dans les zones proches des habitations.
Nicolas Bourquin a souligné qu'il n'existait encore "aucune expérience vécue permettant d'évaluer à l'avance l'efficacité de cet appui des chasseurs". De même sur les conséquences controversées, pour une meute, de la disparition prématurée de son "mâle alpha": on suppose qu'alors le groupe se disperse, ce qui rendrait le prélèvement des meutes visées encore plus difficile à réaliser. Rappelons qu'en application de la nouvelle ordonnance fédérale, le canton du Valais a demandé l'autorisation de procéder au prélèvement complet de 7 meutes, soit environ 34 loups sur une population actuellement estimée entre 90 et 120 individus.
Etienne Arrivé/AGIR