Main Content
Les citadins aussi doivent aider les oiseaux
Quand on arrive en ville, quand on change de trottoir, qui d’entre nous prête réellement attention à la présence des oiseaux? Dans son discours introductif, lors de la présentation de l’action participative "Oiseaux de nos jardins", ce 24 avril dans les locaux de la Fondation Eben-Hézer à Lausanne, François Turrian, le directeur romand de l'ASPO Birdlife depuis 2001, l’a pourtant souligné: 10% d’oiseaux en plus dans notre cadre de vie apporteraient davantage de satisfaction que 10% d’augmentation de salaire. De très sérieuses études scientifiques auraient ainsi, récemment, mis en évidence le rôle de nos voisins à plumes pour notre bonheur quotidien [1].
"Ne pas se focaliser sur les agriculteurs"
A l’agence AGIR, dont le slogan depuis 1996 est "Un pont entre la ville et la campagne", nous voici soudain autorisés à opter pour une variante fantasmagorique: "Des ailes entre la ville et la campagne"! Car, du point de vue de BirdLife, cette action de recensement des oiseaux de nos jardins, qui se déroulera du 8 au 12 mai, est aussi l’occasion de dire combien les citadins peuvent aussi agir pour préserver cette biodiversité. "L’engagement en faveur de la biodiversité ne se focalise pas uniquement sur les agriculteurs", précise François Turrian. "On a beaucoup parlé du rôle de l’agriculture pour préserver des espèces menacées, mais ça concerne finalement tout le monde. Là où les familles paysannes s’engagent pour le vanneau huppé ou la chouette chevêche, eh bien en ville, où quelque 50 espèces d’oiseaux nichent sans compter les migrateurs, il faut aider, par exemple, à la réimplantation du martinet ou des hirondelles de fenêtre, qui sont en diminution."
Un défi architectural
L’être humain doit alors œuvrer suivant deux axes, "qui sont partout les mêmes", dixit le protecteur des oiseaux: le gîte et le couvert. "Si l’on peut y contribuer en aménageant mieux son jardin, ce sont souvent des défis architecturaux, afin de préserver les sites de nidifications. Et quand on parle de campagnes aménagées en mosaïques pour l’habitat des oiseaux, c’est aussi nécessaire pour les espaces verts en milieu urbain. Planter des fleurs indigènes, ne pas employer de pesticides, pour ne pas diminuer les ressources alimentaires, et en particulier ne pas toucher au volume d’insectes, dont une grande majorité d’oiseaux se nourrissent et nourrissent leurs petits au printemps. C’est un grand défi, car on assiste à un effondrement des populations d’insectes. Donc réellement, les villes, les agglomérations, et même les villages que l’on doit encore souvent convaincre, ont un grand potentiel pour la biodiversité, et singulièrement aussi pour les oiseaux."
Laisser en place les vieux arbres
Et il est donc légitime que les pouvoirs publics communaux s’engagent et se coordonnent pour des aménagements de qualité, profitant à telle colonie de martinets à ventre blanc, mais indirectement aussi au bien-être de leur population. La Ville de Lausanne se profile en ce sens. "Notre Plan biodiversité repose sur trois piliers", a plaidé mercredi la conseillère municipale Natacha Litzistorf, "à savoir le renforcement de l’infrastructure écologique, la promotion de la biodiversité sur l’ensemble du territoire communal, et l’implication autant de la Ville que des privés. Pour ce qui concerne les oiseaux, on veut continuer à préserver ou à installer des nichoirs, on veut prolonger, dans Lausanne, des corridors de parc en parc pour que cette biodiversité puisse déambuler librement. Sur le lac, au bout de la rivière la Chamberonne, on va créer une petite île aux oiseaux pour les migrateurs. Et enfin, on veut laisser en place les troncs des vieux arbres, tant qu’ils peuvent encore servir d’habitat."
Les oiseaux nous renseignent partout
"Les oiseaux sont des bio-indicateurs", conclut François Turrian."Ils nous indiquent la qualité de notre environnement, et ils sont a priori présents partout. Nous-mêmes, les humains, faisons aussi partie de cette biodiversité. Donc il faut s’engager dans tous les espaces pour ramener un peu de nature, surtout dans un pays comme la Suisse qui a le record du nombre d’espèces menacées par rapport à nos voisins. Et il s’agit de le faire aussi en ville, pour favoriser la biodiversité dans tout l’espace bâti."
Etienne Arrivé/AGIR
> A Lausanne, un cours d’initiation à l’identification des oiseaux aura lieu le mardi 30 avril. Toutes les infos sur l’action « Oiseaux de nos jardins » sur birdlife.ch/oiseauxjardins ou sur l’app « Guide des oiseaux des BirdLife Suisse », afin de transmettre vos observations et de participer au tirage au sort pour gagner des paires de jumelles.
[1] CNC: La biodiversité des oiseaux et le bonheur (natureconservancy.ca)