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Les citadins investissent la campagne, mais le fossé demeure
De plus en plus de citadins choisissent de s'installer à la campagne, motivés par le coût élevé du logement en ville, la recherche d'un cadre de vie plus proche de la nature ou encore le développement du télétravail. Pourtant, malgré ce rapprochement géographique, le fossé entre la ville et la campagne perdure, voire s’accentue sur certains plans.
Des perceptions erronées
Le 30 août dernier, une journée d’étude autour du dialogue ville – campagne a été organisée par le Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB) à Sissach (BL). L’occasion pour Michael Hermann, directeur de l’institut de recherche Sotomo, de relever: « Les frontières entre la ville et la campagne s’estompent, mais politiquement, elles s’éloignent ». En d’autres termes, si de plus en plus de citadins s’installent dans des villages ou des petites communes, cela n’a pas forcément rapproché les réalités politiques et économiques des habitants de ces deux mondes.
Les citadins qui s’installent à la campagne ne s'intègrent pas toujours pleinement dans leur nouvelle communauté. « La génération Homegate cherche avant tout à se loger quelque part, mais ne s’ancre pas forcément dans sa commune de résidence », souligne encore Michael Hermann. De ce fait, des perceptions erronées persistent. Un sondage réalisé lors de la fête nationale du 1er août au Grütli a par exemple mis en évidence que les citadins sous-estiment souvent le rôle économique des régions rurales, notamment dans des secteurs comme l’industrie et l’artisanat.
Régions rurales en mutation
Pourtant, les régions rurales ne sont plus des espaces isolés et figés dans le temps. « Il y a beaucoup de potentiel dans les espaces périphériques », relève Heike Maye, ancienne présidente du Conseil de l'organisation du territoire. Loin des clichés, ces zones accueillent des projets innovants dans des secteurs tels que les technologies agricoles et les énergies renouvelables, montrant qu'elles peuvent jouer un rôle central dans le développement durable de la Suisse.
La politique régionale de la Confédération, qui fête ses 50 ans cette année, est un levier important dans cette transformation. Elle soutient le développement des PME locales et des initiatives ancrées dans les territoires. Theo Maissen, ancien président du SAB, a souligné que ces projets sont souvent portés par des acteurs locaux, ce qui garantit leur succès et leur durabilité.
Des exemples concrets de synergies
L’initiative « Genuss aus Stadt und Land », menée dans le canton de Bâle-Campagne, est un exemple concret des synergies possibles entre ville et campagne. Ce projet rapproche les producteurs ruraux des consommateurs urbains, en favorisant les circuits courts et en valorisant les produits locaux. Il montre que ces deux mondes, bien que perçus comme opposés, peuvent être complémentaires et se renforcer mutuellement.
Pascale Bieri/AGIR