Main Content
Nicolas Schorderet : bilan de trois ans passés à l'OVV
Quelle est la situation des vins vaudois en Suisse mais aussi à l’étranger ?
La situation des vins vaudois est identique à celle des vins suisses. Leur faible notoriété à l’échelle mondiale s’explique par la part infime de la production helvétique exportée, de l’ordre de 1 à 1,5%. En revanche, les crus vaudois peuvent compter sur une excellente image en Suisse et plus particulièrement en Suisse allemande qui achète 75% de notre production. Cependant, la problématique du franc fort, l’agressivité commerciale au niveau des importations et les charges toujours très élevées par rapport à la concurrence étrangère, nous montre que les prochaines années seront délicates. Mais c’est dans les moments difficiles que l’on trouve les meilleures solutions. Ainsi, depuis quelques années un travail énorme a été fourni tant du point de vue de la culture qu’au niveau de la vinification. L’évolution des connaissances de certains cépages, tels que le gamaret et le garanoir, a permis de les faire entrer dans toutes les sélections de ces trois dernières années. On remarque ainsi que les cépages rouges sont désormais très bien notés lors des concours. On a donc réellement un potentiel fort de développement dans ce domaine.
Quels sont les défis auxquels les vins suisses, et par conséquent vaudois, devront faire face ces prochaines années ?
Je pense qu’un bon positionnement en Suisse est primordial afin de récupérer des parts de marchés. Il est également impératif de redorer l’image de nos vins en les faisant découvrir à celles et ceux qui ne les connaissent pas. Ce qui intéresse le consommateur c’est la diversité, diversité d’encépagement mais aussi diversité de provenance. A l’heure actuelle, il est possible d’obtenir dans les grandes surfaces des vins du monde entier, c’est une habitude de consommation qui a complétement changé la donne. En ce moment, on ressent une grande volonté des producteurs vaudois de se profiler sur une amélioration de la mise en valeur des vins, de l’aspect marketing, de l’aspect commercial, ce qui n’existait pas forcément auparavant puisque les gens venaient acheter le vin chez le producteur alors que maintenant il faut aller le vendre en ville.
Qu’apporte la Sélection des Vins Vaudois à la promotion globale des crus vaudois ?
L’essentiel dans ce genre de concours est de faire ressortir l’aspect qualitatif du produit et pas seulement de mettre en avant des vins déjà connus, même si une certaine stabilité de la qualité est importante. Un vin bien noté, lauréat une année, sera vraisemblablement représenté l’année suivante pour tenter d’obtenir le même résultat mais ce n’est pas systématique. Des vins présentés pour la première fois obtiennent d’excellentes notes parce qu’ils sont au top cette année-là. Le vin est quelque chose de vivant. Il évolue dans le temps mais il a aussi des phases dans lesquelles il se porte bien et dans d’autres où il est un peu fermé. Ce concours représente une photo à un instant donné de l’excellence des produits de notre canton.
Quel bilan tirez-vous des opérations menées durant vos trois ans passés à l’OVV ?
Je suis très satisfait par l’introduction voilà trois ans des Caves ouvertes. Je crois que les très bons résultats de l’édition 2012, nous prouvent que ce mode de promotion reste le plus efficace. Ce succès est le fruit du travail et de l’engagement de tout le vignoble vaudois, de tous ses artisans. De 2010 à 2011, nous avons enregistré une augmentation de fréquentation de 37%. Je pensais que le nombre de visiteurs allait se stabiliser parce que le bouche-à-oreille avait fait son effet mais nous avons été très heureux d’enregistrer une nouvelle augmentation en 2012 de 40%. C’est quelque chose d’exceptionnel de voir l’attractivité de cette manifestation et comment elle a évolué.
Je suis également très content de l’application iPhone que nous avons développée en 2010. C’est un outil très efficace qui a notamment été très utilisé pendant les Caves ouvertes et qui va l’être de plus en plus dans les années à venir. En effet, avec l’apparition progressive de l’œnotourisme dans notre région viticole, ce genre de support représente l’accessoire idéal pour découvrir spontanément toutes sortes de choses lors de balades dans nos vignobles.
Enfin, l’évolution du visuel de l’OVV, et principalement le lancement de notre campagne nationale en 2011, est également un élément important puisqu’il a mis en avant les consommatrices, jusqu’alors peu prises en considération. Mais aussi l’intégration des couleurs vaudoises dans la communication pour le développement d’une identité cantonale au niveau du vin.
Existe-t-il un dossier sur lequel vous auriez souhaité consacrer plus de temps et d’énergie ?
Oui, l’œnotourisme. Mais ce domaine va se développer. Il y a une grande volonté cantonale de soutenir cette activité parce qu’elle en touche beaucoup d’autres tels l’hébergement, la restauration, le tourisme, le vin et les produits du terroir, etc. J’aurais voulu m’impliquer davantage dans ce domaine qui se doit d’être structuré. Tout le monde parle d’œnotourisme mais il ne suffit pas d’ouvrir sa cave et d’y faire venir des touristes pour réellement parler d’œnotourisme. Nous ne sommes pas à un niveau où les touristes viennent dans notre vignoble parce que nous faisons du vin. C’est en venant chez nous qu’ils le découvrent !
Êtes-vous heureux de quitter l’OVV ?
Non, pas heureux… mais pas malheureux non plus. Je suis surtout très satisfait de ce que nous avons accompli durant ces trois ans, d’avoir réussi à appréhender ce milieu très compliqué et surtout de mieux le comprendre. Ça n’a pas été facile au début, on est toujours sur la sellette, les gens se posent des questions. Il est vrai qu’au moment où j’ai repris, l’OVV était dans une situation un peu délicate. On m’avait parlé de gens assez fermés, assez bloqués sur certaines idées. Mais, avec le temps, la confiance s’est installée et j’ai pu remarquer que les vignerons ont une grande volonté d’évoluer pour arriver à se dépêtrer d’une situation économique très difficile.
Des projets d’avenir ?
J’aimerais pouvoir réunir toutes mes expériences professionnelles – hôtellerie, restauration, cuisine, événementiel, tourisme, vin – dans une seule activité. A voir…
Propos recueilli par
Vincent Bailly/AGIR