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Nouvelle publication aux éditions CLM
L’auteur fait remarquer qu’une politique agricole ne
peut être basée sur les seuls marchés, mais doit être accompagnée de nombreuses
mesures de soutien au développement et à l’amélioration de l’appareil de
production agricole.
Relire
l’histoire
Le passage par l’histoire est, selon Matthieu
Calame, indispensable pour relativiser les difficultés présentes. D’où le
chapitre « De l’apparition de l’agriculture » qui donne la mesure du
temps et met en lumière les expériences ratées et les celles qui pourraient se
montrer utiles aujourd’hui. Dans ces dernières, l’agronome français cite
notamment l’agroforesterie : « L’olivier devient alors le pivot d’une
révolution agronomique. On cultive désormais sur la même parcelle l’olivier et
les céréales. On y fait parfois brouter les chèvres mais sous contrôle, sans omettre
bien sûr les légumineuses comestibles (lentilles, pois chiches) sources de
protéines. Cette agroforesterie est complétée au cours du 1ermillénaire avant J-C. par la châtaigneraie qui va permettre de coloniser des
écosystèmes au climat plus rude ». Cette traversée historique fait prendre
conscience des étapes marquantes de l’agriculture que sont notamment
l’utilisation de la charrue (avec ses paradoxes), la « polyculture + élevage »
et le «retour à une agriculture néolithique ». Cette dernière expression
définit, selon son rapporteur, « une régression agronomique d’une ampleur
sans précédent », ceci par la mise en œuvre de moyens chimiques et
énergétiques. A ce stade de l’histoire, la Politique agricole commune PAC est dans le
collimateur de l’agrobiologiste.
Repenser la PAC
Assurer l’alimentation des consommateurs et contenir
les prix de vente tout en garantissant un prix rémunérateur pour les
agriculteurs. Ces objectifs de la
Politique agricole commune ont étés sans doute atteints. Le
gros bémol mis en exergue par Matthieu Calame, c’est d’avoir fondé cette
production agricole sur l’apport exclusif d’intrants extérieurs à
l’agriculture ; ceci au mépris des règles agronomiques de base comme les
rotations. En ruinant la biodiversité et en gaspillant beaucoup d’énergie, la
politique du secteur primaire a fait preuve d’un aveuglement certain.
La fin de l’ouvrage esquisse les éléments d’une
politique agricole mondiale. Par exemple, la solution mutualiste vise l’emploi
de semences paysannes, c’est-à-dire celles qu’il est possible d’échanger, de
multiplier et de cultiver en toute liberté. Plus utopique, la monnaie
biologique propose des transactions matérielles. « La tourmente
alimentaire » met en lumière, avec un certain recul, les sources et les
conséquences de la crise agricole et alimentaire. Quant aux solutions… elles
ouvrent le débat avec un grand point d’interrogation.
« La tourmente alimentaire »
par Matthieu Calame, éditions Charles Léopold Mayer, 203 pages, 2008