Main Content
Oenovidéo 2012 : Pellicules et pixels au service de la vigne et du vin
M. Brasseur, aviez-vous déjà entendu parler du Festival Oenovidéo avant de devenir le président du Jury de cette 19ème édition ?
Non, j’en ai entendu parler pour la première fois en février ou mars de cette année.
Vous sentez-vous proche de la vigne et du vin ?
Toute mon enfance, jusqu’à onze-douze ans j’ai été élevé à la campagne où j’ai vécu une vraie vie d’agriculteur. Pendant l’occupation, mes parents m’ont installé en zone libre en Corrèze, on vivait comme en autarcie. J’ai eu donc dû apprendre à garder et à traire les vaches, à glaner derrière les moissonneuses-batteuses et me servir de la baratte pour séparer le petit-lait et la crème. J’ai toujours aimé le monde des agriculteurs et par conséquent celui des viticulteurs. Je trouve qu’il y a un parallèle entre le métier de viticulteur et celui d’acteur. Pour les viticulteurs, avec le même travail, avec la même application, on peut avoir une récolte catastrophique ou réaliser un grand cru. Pour nous, acteurs, c’est la même chose, on sait comment jouer une pièce ou un film mais on ne connait jamais la finalité de notre travail.
Avez-vous immédiatement accepté la proposition de présider le Grand Jury ?
J’aime les gens qui, comme Henri Laurent Arnould, ont envie d’aider les viticulteurs en parlant de leur métier. La conjonction de mon intérêt personnel pour la vigne et le vin et cette mission du festival m’a bien plu.
Comment allez-vous juger les films ?
Comme le jury est constitué de diverses professions, œnologue, vignerons, producteurs de films, journalistes… je vais juger en me basant sur la mienne. Ce qui m’intéresse et ce que je remarque en premier c’est la présence et la qualité de l’histoire.
Quel rapport entretenez-vous avec le vin ?
J’ai un rapport festif avec le vin. Je ne suis pas un amateur de ce qu’on appelle les grands vins. Je n’ai pas la culture nécessaire me permettant de les apprécier pleinement. Je n’aime pas quand j'entends : « Il a de la cuisse », « Quel bouquet ! », « ça sent le fruit rouge »… L'essentiel est que ça sente la vigne, qu'elle soit suisse, italienne, française, espagnole ou portugaise. Ce que j’aime ce sont, sans être péjoratif, les petits vins, les vins de soif. Mais j’apprends. Chaque jour, je découvre un petit peu plus les vins d’ici qu’il m’arrive d’ailleurs de boire à Paris. Même si je suis venu avec une petite valise, je trouverais bien le moyen d’en ramener une bouteille ou deux.
________________________
M. Henri Laurent Arnould pourquoi avez-vous choisi la Suisse et la ville d’Aigle pour cette 19ème édition ?
Dès les débuts du festival nous avons vu des réalisations suisses, reportages ou petits scénarios, de très bonne qualité. Nous avons donc pris contact avec certains amis suisses et avons organisé le Festival oenovidéo en 2004 à Echichens (VD). Depuis lors, nous avons continué à entretenir d’excellentes relations ici en Suisse et c’est par elles que nous avons été mis en contact avec la ville d’Aigle. Ce choix s’est avéré parfait tant du point de vue logistique et organisationnel, que sur les aspects techniques et technologiques concernant principalement l’excellente salle de projection.
Pourquoi un festival des films sur la vigne et le vin ?
En tant qu’œnologue, j’ai toujours communiqué de manière scientifique et technique sur la vigne et le vin. Mais j’avais conscience qu’associer la qualité de l’image et celle du vin serait bénéfique pour assurer la promotion de ce produit. Nous avons donc commencé à rechercher des réalisateurs et des producteurs de belles images sur le vin.
Quel est le profil des personnes vous envoyant des films ?
Aujourd’hui, les personnes qui s’intéressent à l’image du vin sont essentiellement des professionnels du cinéma, des réalisateurs indépendants et le monde de la communication. A part quelques vignerons branchés qui ont dix ans d’avance, le reste de la viticulture ne s’intéresse pas à réalisation de films ou de manière très ponctuelle. C’est un réel problème.
Que faites-vous pour les encourager ?
Notre démarche est d’apporter à la filière viti-vinicole une large diversité de films permettant à ses acteurs de venir collecter des informations, de venir piocher des idées, de s’en inspirer. Car l’image est devenue essentielle, tant du point de vue du cinéma que celui d’internet. Il est inconcevable d’imaginer un site internet vendeur, sans image et sans un scénario qui séduise le consommateur.
Comment a évolué le festival durant toutes ces années ?
Quand nous avons démarré, les scénarios étaient tous calqués sur la présentation des quatre saisons de la vigne bercées par du Vivaldi. Mais depuis, la qualité des images n’a cessé de s’améliorer. A tel point que depuis l’année dernière, on commence à voir des films qui proposent une représentation de la vigne et du vin plus belle que ne l’est la réalité. Un peu comme les premières images de Cousteau. Ce qui est fabuleux !
De plus, la variété des films augmente également. Au début du festival, nous avions reçu dix films et en 2012 : 114. Leur durée progresse aussi. Les premiers ne duraient que quelques minutes, aujourd’hui nous projetons des long-métrage d’une heure et demie. Et la diversité est grande puisque nous estimons à plus de mille les films réalisés sur la vigne et le vin dans le monde.
Propos recueilli par Vincent Bailly/AGIR
Toutes les infos sur : www.oenovideo.oeno.tm.fr