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Pain suisse ou importé? Désormais, plus de place au doute!
Quand on sent l’odeur du pain chaud à peine sorti du four, dans un point de vente, et que cela suscite aussitôt envie de mordre dedans, on s’imagine inconsciemment qu’il a été produit en Suisse. Or, souvent, ce n’est pas le cas. De nombreux produits commercialisés en boulangerie, restauration, hôtellerie ou commerce sont en effet importés -préfabriqués ou précuits-, et leur nombre ne cesse d’augmenter depuis plusieurs années.
Mais depuis ce 1er février 2025 on devrait y voir plus clair. L’origine de tous les produits de boulangerie vendus en vrac doit, en effet, être clairement affichée, suite à une nouvelle réglementation. En réalité, la loi rendant cet affichage obligatoire est entrée en vigueur l’année dernière, mais elle disposait d’une année de transition, le temps que chacun se mette en règle. Et difficile de savoir qui a déjà franchi le pas.
Grande campagne d'information
Pour informer le public de cette évolution importante, l’Association Pain Suisse, qui regroupe les partenaires de l’ensemble de la filière (producteurs, meuniers, boulangers et acteurs du commerce de détail), va lancer, tout prochainement, une grande campagne d’affichage. "L’objectif, c’est de sensibiliser les consommateurs, explique Stephan Scheuner, gérant de l’Association Pain Suisse. Beaucoup d'entre eux ne sont pas conscients que le pain qu’ils achètent ou consomment n’a peut-être pas été produit en Suisse. Nous voulons faire passer le message que désormais la déclaration d’origine des produits de boulangerie doit être indiquée de façon explicite, afin que chacun puisse faire son choix en toute transparence."
Comment cette information doit-elle être faite? À l’entrée des commerces, à proximité des produits? "Le lieu pour cette information n’est pas spécifié par la législation", répond Stephan Scheuner. "Ce qui compte, c’est qu’elle soit écrite, visible et compréhensible par le consommateur", y compris donc au niveau de la restauration ou de l’hôtellerie, lorsque du pain est servi aux clients. En boulangerie, des labels comme "Pain Suisse" garantissent également le respect de la législation, tout en y ajoutant des critères supplémentaires. Pour un pain portant la marque "Pain suisse", en plus de la transformation 100% suisse, les matières premières utilisées doivent également provenir au moins à 80% de la Suisse.
Peu de taxations douanières
La déclaration d’origine est déjà obligatoire pour de nombreuses denrées alimentaires, comme la viande vendue en vrac et à la carte des restaurants, ou encore pour les produits vendus pré-emballés. Et la mise en place d’une telle législation pour le pain n’est pas perçue comme une contrainte par la filière céréalière. "Elle a été élaborée en commun et était attendue par l’ensemble de la filière, en réponse à cette augmentation constante des produits de boulangerie importés. Car comme on l’a dit plus haut, le secteur est de plus en plus concurrencé par ces produits finis importés presque sans droits de douane et qui, jusqu'à présent, n'étaient pas reconnaissables en tant que tels au point de vente."
Nombreux critères d'achat
Cela étant, Stephan Scheuner ne s’attend pas à un revirement de situation radical suite à cette mesure. "Une stabilisation des importations serait déjà une bonne nouvelle", dit-il. "Ce n’est pas une recette magique, car beaucoup de choses entrent en ligne de compte dans la décision d’achat des consommateurs. La fraîcheur, le goût, la diversité au niveau des variétés et du calibre des produits, le rapport entre qualité et prix, bien sûr, mais aussi le choix de soutenir le commerce de proximité et les circuits courts… Mais pour cela, il faut aussi savoir ce que l’on achète."
Cette réglementation permettra donc à chacun de faire son choix en toute transparence et en toute connaissance de cause. La filière du pain espère également que des contrôles seront effectués par les services compétents afin de s’assurer du bon respect de cette obligation, mise en avant par le slogan de la nouvelle campagne de l'Association Pain Suisse: "Suisse" à l’extérieur, ingrédients suisses à l’intérieur.
Pascale Bieri/AGIR