Main Content
Politique agricole: peut-on faire simple, pour une fois?
Par ordre d'apparition dans notre vidéo, nous avons pu y interroger des personnalités aussi diverses que Valentina Hemmeler Maiga, directrice générale de l’Office cantonal genevois de l'agriculture et de la nature, Boris Beuret, président de la Fédération des producteurs suisses de lait PSL, Michelle Schenk Wyss, responsable de la division Economie agraire à l’USP, Jonas Schälle, chargé de projet agriculture chez Birdlife Suisse, Loïc Bardet, directeur d’AGORA, et finalement Oliver Hendrickson, conseiller en agriculture de la mission permanente néo-zélandaise auprès de l'Union européenne à Bruxelles.
--------------------------------------
Les potentiels moyens pour parvenir à réduire la bureaucratie et à simplifier l’administration dans l’agriculture se sont donc trouvés au coeur de ce 7e Forum, organisé par la Haute école des sciences agronomiques, forestières et alimentaires BFH-HAFL de Zollikofen (BE), sous le slogan "Politique agricole 2030: comment pouvons-nous la simplifier?".
Le train d'ordonnances 2024 est annoncé
Dans son allocution de bienvenue, le conseiller fédéral Parmelin a souligné que l’objectif central de la politique agricole était que "le secteur agricole et alimentaire reste à la fois productif et écologique". L’agriculture suisse est l’une des plus durables au monde, grâce notamment à l’introduction, il y a 30 ans, des prestations écologiques requises (PER) rémunérées par des paiements directs aux exploitations agricoles. Des prestations pionnières, mais qui ont rendu beaucoup de choses de plus en plus compliquées avec le temps: les agriculteurs et agricultrices plient sous le fardeau grandissant des tâches administratives. Une simplification est indispensable, a déclaré Guy Parmelin, ajoutant que le Conseil fédéral "annoncera à l’automne une nouvelle série de mesures dans le cadre du train d’ordonnances 2024".
Une tâche herculéenne
Christian Hofer, directeur de l’OFAG, est, lui aussi, très au fait de ce sujet récurrent: cela fait maintenant 25 ans que l’on essaie de simplifier ce qui a débuté il y a 30 ans. Chaque idée pour dénouer l’écheveau est suivie d’une autre, qui l’embrouille à nouveau. Selon lui, la simplification est une "tâche herculéenne". Pourtant, elle est si importante qu’elle constitue l’un des grands axes de la politique agricole 30+: réduire la complexité de cette politique afin de renforcer la création de valeur durable, tout en mettant l’accent sur la sécurité alimentaire, l’empreinte écologique, et les perspectives économiques et sociales
Numérisation et responsabilisation des agriculteurs
Un pas vers la simplification est prévu avec "le renforcement de la responsabilité du secteur, la simplification du système de paiements directs et la numérisation". Cela passe par "des règles aisément compréhensibles et faciles à mettre en œuvre". Ainsi, le système de contrôle sera davantage basé sur les risques. Et en renonçant à modifier chaque année l’ordonnance sur les paiements directs on gagnerait par exemple en stabilité, comme le souhaitent les agriculteurs et agricultrices interviewés. D’autres potentiels de simplification de ce système résident dans la numérisation, le passage aux paiements uniques (au lieu d’annuels) et une plus grande responsabilisation individuelle des agriculteurs et agricultrices, qui seraient libres de décider comment atteindre leurs objectifs.
Quelle que soit l’approche poursuivie, la politique agricole suisse est en quête de bonnes idées. Le directeur de l’OFAG, Christian Hofer, est optimiste: "Peut-être aurons-nous à nouveau une idée visionnaire, que d’autres pays nous emprunteront."
La simplification ailleurs dans le monde
La deuxième journée du Forum a été placée sous le signe de l’ouverture des horizons, se demandant si une simplification de la politique agricole de l’UE est possible, ou encore comment la Nouvelle-Zélande ou le Tyrol du Sud relèvent ces défis. Ces questions ont été discutées lors de quatre ateliers, par exemple celui intitulé «La transition d’une politique agricole à une politique alimentaire peut-elle servir la simplification?».
Le Forum de politique agricole suisse est organisé depuis 2018 par la BFH-HAFL, Inforama et les alumni de la BFH-HAFL. Il constitue une plateforme de discussion pour un dialogue constructif sur le développement de la politique agricole, qui garantit des échanges intergénérationnels et encourage une approche pragmatique.
L'édition 2025 est d'ores et déjà programmée pour les 28 et 29 août 2025.
Etienne Arrivé/AGIR (vidéo) et Bettina Jakob/BFH (texte)