Main Content
Pour que vive la truffe suisse !
Sur les flancs du Jura, au détour d’un sous-bois, il n’est pas rare en cette saison de rencontrer des promeneurs partis en quête de truffes. Ce noble champignon, fort apprécié des gourmets, arrive en effet à maturation entre les mois d’octobre et de décembre. Si la truffe est encore majoritairement récoltée dans les milieux naturels, il existe depuis une petite dizaine d’années en Suisse une alternative aux expéditions en forêt : les vergers truffiers. En effet, depuis sept ans, une vingtaine d’agriculteurs se sont lancés dans ce type de culture, pour une surface totale de près de 25 hectares. « Tant du point de vue de la qualité des sols et des surfaces agricoles que de l’intérêt de la population pour ce produit, la Romandie présente un fort potentiel de développement de la trufficulture », précise François Blondel, responsable de la Pépinière de Genolier depuis 18 ans.
Un engagement à long terme
Dédier une parcelle de terrain agricole ou viticole à la production de truffes n’est pas une démarche à prendre à la légère. En plus du coût inhérent à la mise en place de cette culture – 16'000 francs pour un hectare de truffes de Bourgogne –, cette reconversion se fera sur le long terme. « Il faut entre 5 et 7 ans pour que les plants produisent leurs premières truffes. Quant à la production globale du verger, elle n’atteindra son rythme de croisière, de 30 à 40 kilos par année, qu’une dizaine d’années après la plantation », souligne le responsable de la Pépinière.
Le prix : un atout de poids
Malgré la durée et les coûts de mise en place d’un verger, François Blondel souligne cependant que la truffe possède un atout de poids : son prix de vente. « Avec un prix estimé entre 500 et 600 francs pour un kilo de truffes de Bourgogne vendu aux milieux professionnels, et de 700 à 900 francs pour la vente au détail, il est possible d’envisager un revenu moyen de 15 à 20'000 francs par année », précise-t-il.
Pas de soutien fédéral
L’abandon, par l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) fin 2011, de l’aide à la culture truffière comme « culture novatrice » obtenue en 2008 représente cependant un réel handicap pour la promotion de la branche, commente le responsable de la Pépinière. « Les 15'000 francs par hectare alloués, à l’époque, par l’OFAG pour les plants et leur entretien représentaient un solide coup de pouce pour l’agriculteur et le développement de la branche », constate-t-il. Mais un espoir subsiste car cette culture pourrait, dans le cadre de la future PA 2014-17, obtenir des subsides pour le rôle qu’elle joue en tant que surface de compensation écologique, sous forme de vergers ou de haies truffières.
Défense professionnelle
Pour mieux faire entendre les revendications des spécialistes de la branche, l’Association suisse des truffes (AST) a été créée récemment. Regroupant amateurs et professionnels, elle aura pour mission de promouvoir la truffe suisse auprès des autorités fédérales. « La création d’un label ˝Truffes suisses˝ est en discussion afin de défendre notre production vis-à-vis de la très forte concurrence française et italienne. Nous avons une réelle demande de la part des restaurateurs toujours en quête de produits locaux et de qualité », explique François Blondel.
« Nous nous battons pour faire reconnaître la valeur de notre production indigène ! », conclut le responsable de la Pépinière de Genolier et, en effet, ce n’est pas la motivation qui manque actuellement pour une production de truffes 100% suisses !
VB/AGIR
La truffe
La truffe est un champignon à fructifications souterraines. Son développement débute par l’inoculation de ses spores dans les racines d’un arbre (mycorhisation). Cette union entre le champignon et la racine est profitable aux deux espèces et permet la croissance de la truffe dont le cycle, dans le cadre de la truffe de Bourgogne, la plus répandue en Suisse, débute en février et s’achève en décembre. La période de récolte s’étend, elle, de septembre à fin décembre. Le champignon se trouve alors à une trentaine de centimètres de profondeur, ce qui nécessite l’emploi d’un chien dressé pour le trouver et le déterrer.
Pourquoi la trufficulture ?
____________________________________________
Plus d’information :
Pépinière de Genolier
Rte de Trelex 29 / 1272 Genolier
Tel: 022 366 14 80
pepiniere.genolier@laforestiere.ch / www.plants-truffiers.ch
____________________________________________
Manifestation :