Face aux événements climatiques extrêmes, hélas toujours plus fréquents, retenez deux messages fondamentaux si vous êtes propriétaires. Le premier, c’est qu’il faut vérifier vos polices d’assurances, car cela vaut le coup d’assurer convenablement ses bâtiments et leurs alentours. Vous le ferez aussi de vos terrains agricoles: gel, grêle, sécheresse, cela peut désormais s’avérer pertinent. Le second message, en cas de dommages naturels que l’on n’a pas pu assurer, spécialement pour les glissements de terrain, les avalanches et les inondations, c’est qu’il ne faut pas hésiter à aussitôt déposer une demande de soutien sur le "portail des dommages" de fondssuisse.ch. Vous avez trois mois pour le faire, pas besoin d’être membre ni de payer une cotisation pour en bénéficier.

Déjà près de CHF 2 mio d’aides versées en 2024

Ainsi à mi-novembre, plus de 900 nouvelles demandes avaient été déposées pour 2024. Ces derniers mois, on pense évidemment aux régions extrêmement sinistrées du val Mesolcina ou du Misox aux Grisons, du Valais, du canton de Vaud et du val Maggia au Tessin. Suite à l’intervention d’experts mandatés par les communes (et sans doute bientôt directement par fondssuisse, une phase-test est en cours pour le canton de Berne), près de 400 dossiers ont dans le même temps déjà été traités, ce qui représente près de 2 millions de francs de contributions. Attention, encore une fois, ces aides interviennent, à hauteur totale de 80% maximum du dommage pouvant être pris en compte, uniquement pour les coûts non couverts par les prestations d'assurance, ni par des fonds publics (fédéraux cantonaux ou communaux), ni par des dons. Et des déductions peuvent s’appliquer en fonction de votre revenu et de votre fortune imposable.

En plus de l'aide apportée par fondssuisse, l’association alpinfra, qui aide les communes situées en zone de montagne, met à disposition des moyens financiers pour des projets de suivi à plus long terme, afin de restaurer et d'améliorer durablement les infrastructures publiques endommagées.

Financement assuré par la BNS

La trésorerie de fondssuisse est alimentée par des versements ponctuels de la Banque nationale suisse, lors de la non-restitution à l’établissement de ses billets de banque devenus obsolètes. Les prestations sont ensuite financées presque exclusivement par les intérêts générés sur cette fortune disponible. Sur la frise chronologique de la fondation, les historiens cercleront de rouge les "annus horribilis" 1910, 1955 et 1999. Cette dernière année, il avait fallu faire face à la fois à des avalanches, à de grosses inondations consécutives à la fonte des neiges, puis à la tempête Lothar du 26 décembre 1999, faisant 14 victimes en Suisse, 1,35 milliard de francs de dégâts, et couchant dix millions d'arbres.

Contre le gel, les exploitants doivent s’assurer

Il est aussi arrivé que des situations exceptionnelles génèrent des prises en charges exceptionnelles. On pense en particulier aux dégâts sur les arbres fruitiers du gel de 2017, puis, en Valais uniquement, de 2021. Si les exploitants sont, depuis, priés de s’assurer en conséquence, fondssuisse avait alors fait une entorse à son règlement pour participer aux efforts des pouvoirs publics.

Autre cas de figure fâcheux, certains cantons n’ont pas encore rendu obligatoire l’assurance des bâtiments. On appelle ces cantons GUSTAVO, pour Genève, Uri, Schwytz, Tessin, Appenzell Rhodes-Intérieures, Valais, Obwald. Si bien que des propriétaires ont pu récemment se retrouver totalement démunis suite à un sinistre qu’ils n’avaient pas pris l’initiative d’anticiper.

Prévenir et écouter, deux autres priorités

Et si l’agriculture suisse a engagé les discussions avec la Confédération pour refondre son système des paiements directs à l’horizon 2030, il est intéressant de relever que fondssuisse réfléchit également, entre autres via la promotion des assurances désormais disponibles, à des participations dans des campagnes de prévention des conséquences majeures liées aux changements climatiques.

Enfin, les versements de fondssuisse interviennent toujours une fois les travaux effectués, sur présentation des justificatifs. Mais ce qui intervient en amont, bien souvent, c’est l’écoute, en particulier au téléphone, pour des demandeurs d’aide parfois très marqués par l’épreuve subie. A ce titre, la tornade du 24 juillet 2023 sur La Chaux-de-Fonds n’a pas fini de laisser des traces. Au siège de fondssuisse à Berne, les quatre salariés assurant le suivi des dossiers continuent de faire de leur mieux pour orienter et réconforter.

Etienne Arrivé/AGIR