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Récupération du plastique : l'agriculture se mobilise
Les exploitations agricoles utilisent entre 6000 et 8000 tonnes de films d’ensilage (pour la conservation du fourrage) et de filets pour protéger et soutenir les cultures, par an. Et la tendance est à la hausse… Mais que devient tout ce plastique après utilisation ? Le plus souvent, il part en fumée. Toutefois, depuis deux ans et demi, une alternative à l’incinération se développe avec un programme de recyclage mis en place par l’Association ERDE Suisse. Elle propose aujourd’hui 120 points de collecte aux agriculteurs, dont 10 en Suisse romande.
Omniprésent dans tous les domaines, le plastique et sa prolifération entraînent des problèmes environnementaux croissants, qui menacent la santé des sols, la qualité de l’eau et notre santé. D’où l’importance du recyclage et d’une économie circulaire, pour limiter l’impact environnemental de ce matériau. Une problématique à laquelle l’agriculture est très sensible. Elle n’a donc pas attendu le lancement d’une nouvelle initiative ou d’une nouvelle loi, rendant la récupération du plastique obligatoire, pour s’y mettre. Ainsi en 2023, 2'100 tonnes de bâches d’ensilage ont été recyclées. Et cette année, Kurt Röschli, fondateur et président d’ERDE Suisse, espère atteindre les 2'300 tonnes.
Moitié moins de CO2
Une fois récolté, le polyéthylène (PE), un plastique à la fois léger, résistant et imperméable, est transformé en granulés qui permettent de produire de nouveaux plastiques. « Aujourd’hui, les entreprises utilisent environ 10% de matières recyclées dans la fabrication de leurs produits, c’est très peu, relève Kurt Röschli. Mais cela devrait évoluer, car l’Union européenne réfléchit à imposer des quotas. Il est donc important d’aller dès maintenant de l’avant. »
Le recyclage du polyéthylène permet par ailleurs de réduire de moitié les émissions de CO2 dans l’atmosphère par rapport à l’incinération (env. 1.92 tonnes de CO2 pour 1 tonne de PE brûlé). « L’année dernière, nous avons pu économiser plus de 2’000 tonnes de CO2 », se réjouit le président fondateur d’ERDE Suisse.
Deux ans et demi après la mise en place du programme, le taux de recyclage s’élève 30%. « C’est très satisfaisant, les agriculteurs jouent bien le jeu, souligne encore Kurt Rötschli. Pour que ce pourcentage continue à progresser, nous devons augmenter les points de récolte, et donc trouver de nouveaux partenaires pour les mettre en place. Nous espérons en avoir 180 d’ici 5 ans. »
Une solution éco-responsable et attractive
La proximité d’un espace de récupération est un élément essentiel au succès du recyclage. Autrement dit, le déplacement pour s’y rendre ne devrait pas excéder celui du trajet vers une usine d’incinération ou d’une déchetterie autorisant les dépôts de plastique agricole. Alors, à combien ces dépôts de recyclage devraient-ils s’élever ? Kurt Röschli estime ce nombre à 300 pour l’ensemble de la Suisse.
Reste encore la question du coût. A combien revient-il pour les paysans ? « Il est assuré en partie par une taxe anticipée sur les films produits et mis en vente. A cela s’ajoute un montant, fixé par le centre de collecte, que l’agriculteur paie lors de la remise. Mais le recyclage via un centre de collecte ERDE Suisse est en moyenne 30% moins cher qu’une incinération », assure le président fondateur. La finalité étant que la démarche, en plus d’être éco-responsable, soit financièrement attractive.
Pascale Bieri/AGIR