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Retour du cerf élaphe dans les forêts jurassiennes
Différentes observations et un piège photographique ont permis de documenter la présence d’une biche et de son faon né ce printemps. Après plus de 150 ans d’absence, cette naissance démontre que la recolonisation de tout l’Arc jurassien par le cerf est en passe d’être complète, informe le Canton aujourd’hui dans un communiqué.
La présence de la biche a été signalée par un garde-forestier. L’installation d’un piège photographique par le garde-faune cantonal a ensuite permis de découvrir la présence d’un faon. Cette découverte a été réalisée dans les flancs escarpés du sud de la Vallée de Delémont.
Une bonne vingtaine d’individus adultes vivent à ce jour disséminés sur le territoire cantonal même si aucune véritable harde ne s’est encore constituée, explique le communiqué. Dans le Jura, depuis une quinzaine d’années, le nombre d’observations a en effet augmenté. Des ramures ont été retrouvées en forêt. Mais la colonisation est lente en partie en raison du manque de perméabilité des voies de déplacement. Les animaux sont venus naturellement de deux axes de colonisation principaux, soit de l’ouest par les côtes du Doubs et du sud-est par la chaîne du Raimeux. Des individus ont également été signalés en Basse-Allaine, sans doute aussi en provenance d’Alsace.
Si le retour du cerf élaphe est une bonne nouvelle et démontre la présence d’habitats adaptés dans nos régions, la colonisation complète qui s’annonce nécessitera toutefois un travail de communication accru et la mise en place progressive d’une gestion adaptée de l’espèce. Il s’agira, précise le canton du Jura, d’anticiper et d’éviter la situation vécue dans certaines régions des Préalpes et des Alpes, où les effectifs importants mettent à mal le rajeunissement de la forêt et peuvent impacter la sécurité routière. Dans l’intervalle, la protection du cerf par la législation jurassienne restera en vigueur.
Le cerf avait quasi disparu de Suisse au 19e siècle à la suite de la destruction de son habitat forestier par des coupes massives, ainsi que d’une chasse intense et non contrôlée. Dès 1870, les premiers cerfs ont regagné les Grisons depuis l’Autriche. Le contexte était en effet redevenu plus favorable, avec une loi fédérale sur la chasse adoptée en 1875 qui limitait les périodes de chasse et protégeait les femelles. En l’absence de grands prédateurs, et avec une forêt également bien protégée par la législation, la reconquête du territoire s’est poursuivie jusqu’à ce jour. Seules certaines régions du Plateau suisse et le canton du Jura restaient non colonisés ces dernières années. Aujourd’hui, précise encore le communiqué, le pays abrite au total plus de 35'000 individus, surtout dans les Alpes et les Préalpes. Près du tiers d’entre eux sont abattus chaque année à la chasse.
AGIR/SP