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Sol, eau, paysage et aliments en questions
« Pour ou contre les OGM, la bonne
question ? » ; « Quel impact sur la biodiversité ? » ;
« L’homme et l’animal d’élevage font-ils bon ménage ? » ;
« Saura-t-on nourrir la population mondiale en 2050 ? ». C’est
avec ces quelques questions, parmi d’autres, que l’ouvrage tente de « traiter
de tous les débats sur l’agriculture qu’ils soient locaux ou
internationaux », selon la préface de Jacques Diouf, directeur général de la FAO (l’Organisation des
Nations Unies pour l’agriculture et l’alimentation).
Il apparaît assez clairement au fil des pages que pour
répondre à la dernière question susmentionnée (nourrir tous les humains dans un
demi siècle), le choix sera restreint. « Il faudra à la fois de gros
progrès techniques pour augmenter la production sans dégrader l’environnement
et modifier les règles économiques pour relancer la production, notamment dans
les pays du Sud ».
L’opuscule des agronomes de l’Hexagone démontre aussi que
nous n’avons pas toutes les cartes en mains pour discuter des modèles avec des
estimations fiables. En effet, on doit jouer avec des paramètres mal estimés du
côté du changement climatique et de la limitation des pertes entre production
et consommation. Eu égard aux besoins de progrès et au vu des difficultés de
pronostic, les auteurs donnent un avis pondéré sur la question des OGM en proposant
de les réévaluer périodiquement sous les angles des risques et avantages et à
la lumière de l’évolution des connaissances disponibles.
En ce qui concerne le réchauffement climatique, comme la
plupart des sujets environnementaux abordés dans le livre, le texte offre un
double éclairage. D’une part on tente de juger la contribution de l’agriculture
au réchauffement et d’autre part on veut jauger dans quelle mesure le
changement de climat va interférer sur les cultures. Dans le premier cas,
l’objectif est de diminuer les gaz à effet de serre – méthane, oxydes d’azote
et gaz carbonique – tout en augmentant l’efficacité de la production agricole.
Dans le second, il s’agira d’adopter des variétés plus résistantes à la
sécheresse ou aux températures élevées, de décaler les cycles de cultures
annuelles, de choisir des techniques de gestion des sols permettant
d’économiser l’eau, etc.
Au chapitre de la biodiversité, les auteurs font remarquer
qu’« il faut agir sans savoir correctement la mesurer et même sans que les
objectifs de préservation dans l’espace et dans le temps soient bien définis,
exercice qui s’avère difficile ». « Complexité » et
« difficulté » reviennent en de nombreuses pages de l’ouvrage. Aveu
d’impuissance ou découragement des chercheurs et enseignants ? Plutôt une simple
mise en garde contre ceux qui voudraient « affirmer savoir comment il faut faire pour que
l’agriculture évolue dans le bon sens ».
« Les clés des
champs – L’agriculture en questions » par Th. Doré, Ol. Réchauchère et Ph.
Schmidely, éd. Quæ, 191 pages, 2008