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Toujours plus de pressions dues au loup
Depuis qu’il a fait son grand retour en Suisse, dans les années 1990, le loup n’arrête pas de se démultiplier et d’étendre son territoire. En quelques décennies, il est passé d’une poignée d’individus à 250 au minimum et 26 meutes, fin 2022. Ce qui représente une croissance de 30% durant ces dernières années.
Les attaques sur le bétail ont, logiquement, suivi la même croissance exponentielle. De 1998 à 2008, un millier d’attaques au total ont été enregistrées ; puis, sur la seule année 2022, on en a dénombré 2500.
Soutien aux éleveurs
Afin de réduire les dommages faits aux troupeaux, la Confédération a débloqué pour 2023 un montant de 4 millions qui permet de faire face aux situations d’urgence. Il s’ajoute aux 3,7 millions de crédit ordinaire alloué pour la protection des troupeaux. Des aides cantonales renforcent encore ces sommes.
Ces sommes contri de mettre de multiples mesures de protection des troupeaux, ces dernières années : parcs de nuit, clôtures électrifiées, chiens de protection, surveillance humaine... Elles restent toutefois insuffisantes. D’une part, parce qu’un certain nombre d’alpages ne peuvent pas être protégés, mais aussi parce que le loup apprend vite, qu’il déjoue les systèmes de garde, que son comportement laisse encore place à de nombreux mystères. Et bien sûr parce que sa présence s’intensifie.
« Une bonne protection des troupeaux peut minimiser les attaques, mais pas les empêcher complètement, note le service de presse de l’OFEV. Les loups peuvent apprendre à la contourner et à se spécialiser dans les attaques d’animaux de rente.»
Tirs facilités
Les tirs de régulation constituent donc aujourd’hui le premier levier pour tenter d’induire un changement de comportement et de pousser le canidé à se tourner vers des proies sauvages.
Début juin, le Conseil fédéral a adopté une révision partielle de l'ordonnance sur la chasse. Elle est entrée en vigueur le 1er juillet et permet une régulation facilitée en cas d’attaque ou de menace imminente. La loi s’assouplira encore en décembre 2023, avec des mesures préventives. Les cantons établiront des quotas de loups à tirer chaque année. Il sera possible de les abattre, notamment les plus jeunes, sans qu’ils n’aient commis d’attaques au préalable.
En revanche, si certains espèrent toujours une nouvelle éradication du loup en Suisse, comme en 1890, elle est irréaliste. Le maître-mot est aujourd'hui la cohabitation. Elle passe par la protection de troupeaux, mais également par la régulation. Ce que ne conteste plus la majorité des pro-loups. D’ailleurs le référendum sur la révision de la loi sur la chasse n’a pas été soutenu par les grandes associations telles que Pro Natura, le WWF Suisse, BirdLife Suisse et le Groupe Loup Suisse.
Dans toute la Suisse romande
S’il cause essentiellement des dommages en montagne, dans les cantons du Valais et de Vaud, des attaques de loups ont été enregistrées en plaine. Le prédateur a aussi tué des moutons dans le canton de Fribourg, deux chèvres dans le Jura, et sa présence a désormais été observée dans l’ensemble des cantons romands, y compris à Genève.
Pascale Bieri/AGIR
SUITE DE LA SERIE
II. Valais : Le canton forme ses propres chiens de protection pour faire face au loup
III. Canton de Vaud: Un plan d'action pour lutter contre les attaques de loups
IV. Neuchâtel : Les éleveurs craignent pour l’avenir
V Fribourg cohabite avec le loup sans trop de heurts
VI Jura Bernois: La menace du loup désormais réelle
VII Jura: des mesures pour vivre avec le loup
VIII Genève: Rencontres inattendues avec le loup