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Toujours plus d'intérêt pour les chauffages à pellets
Les chauffages à pellets jouissent d’un intérêt croissant. Comment l’expliquer?
Le nombre de nouvelles installations continue d'augmenter, même s'il se situe à nouveau à un niveau similaire à celui de 2019, avant que des subventions ne soient accordées pour la première fois pour les chauffages à pellets. C'est justement lors d'une rénovation, en particulier lorsqu'il n'est pas possible de procéder à une isolation thermique de la structure du bâtiment, que les pellets conviennent très bien pour remplacer un chauffage au mazout. Il est possible de construire un stockage de pellets à la place du local de mazout et, contrairement à une pompe à chaleur, un chauffage à pellets fournit, sans perte d'efficacité, une température de départ suffisamment élevée pour chauffer un bâtiment avec des radiateurs. Seule l'évolution incertaine des prix en 2023 a entraîné un recul des nouvelles installations, mais si l'on considère les années 2020 et 2021 comme des exceptions statistiques, nous avons encore une croissance saine.
Quelle était la production de pellets, en tonnes, en 2023?
Nous supposons qu'en 2023, la production de pellets a diminué d'environ 5 à 10%, les chiffres exacts seront connus début février. Comme l'hiver dernier a été exceptionnellement chaud, la consommation de pellets a été nettement inférieure. Cet hiver a également commencé tard, et il a fait très chaud pendant une longue période, ce qui a également entraîné des conséquences sur la consommation. De ce fait, les stockages de nos producteurs et distributeurs n'ont jamais été aussi pleins. Vers la fin de l'année 2023, nous avons entendu dire par différents producteurs que la production avait été ralentie parce qu'il n'y avait plus de place de stockage.
La production va-t-elle augmenter en 2024?
Nous ne pouvons pas décider du temps qu'il fera, mais nos producteurs et nos distributeurs sont optimistes pour l'avenir. Le prix des pellets ayant entre temps quelque peu augmenté, nos producteurs et distributeurs peuvent procéder à des investissements. Lancer une nouvelle production de pellets est une grande opération très complexe, et même l'installation d'une nouvelle ligne de production dans une usine existante n'est pas simple. Certains de nos producteurs ont déjà augmenté leur capacité de production cette année, ou prévoient de le faire l'été prochain, tandis que d'autres entreprises se lancent dans la production. Nous pensons donc que la capacité de production augmentera encore sensiblement en 2024. Étant donné que des projets ont déjà été retardés ou ont même échoué, il est impossible de faire des prévisions précises, de même pour savoir si l'environnement de marché restera dynamique.
La Suisse dispose-t-elle de réserves de bois suffisantes pour couvrir la demande en pellets, visiblement croissante?
En Suisse, les pellets sont fabriqués pratiquement à 100% à partir de résidus de bois, c'est-à-dire de copeaux de sciage et de copeaux issus de la transformation du bois. Ce ne sont donc pas les réserves qui sont importantes pour les pellets, mais la quantité de bois transformée dans les scieries et les entreprises qui suivent. Si l'on a besoin de beaucoup de bois de construction, on peut aussi produire beaucoup de pellets.
Peut-on craindre une pénurie de pellets à l’avenir?
La gestion durable de la forêt, telle qu'elle est définie par la loi, permet de garantir que la forêt est gérée de manière durable. Étant donné que, pour diverses raisons, on construit de plus en plus avec du bois dans le secteur du bâtiment, il y aura assez de matière première pour les pellets.
Quelle était la part d’importation de pellets en 2023? Selon vous, va-t-elle augmenter à l’avenir?
Nous estimons que la part des importations sera similaire à celle des années avant 2022, c'est-à-dire qu'elle représentera environ 15-20% de la consommation totale. Environ 90% de ces importations proviendront des pays voisins, c'est-à-dire de l'Allemagne, de la France et de l'Autriche. En raison du degré élevé d'auto-approvisionnement, nous partons du principe que les importations ne changeront pas de manière significative dans un avenir proche.
Faut-il craindre une hausse des prix en 2024?
En tant qu'association de la branche, nous n'observons le prix des pellets que rétrospectivement et ne faisons donc aucune déclaration sur une éventuelle évolution. Pour l'ensemble du marché des pellets, nous souhaitons des prix stables, qui ne soient pas trop bas, afin que nos membres puissent continuer à investir.
Quels avantages économiques ont apporté ces dernières années les pellets en Suisse?
Grâce aux pellets, les personnes privées ont particulièrement la possibilité d'opter pour une solution de chauffage simple et pratique, dont une grande partie de la valeur ajoutée se fait au niveau local. Grâce aux pellets, il est possible de produire de la chaleur avec laquelle la quasi-totalité de l'argent reste dans le voisinage, et ne s'écoule donc pas vers des despotes ou des régimes dans des pays lointains, où il permet de commettre des injustices.
En quoi, les installations à pellets sont-elles écologiques?
Grâce à la grande qualité des pellets, la combustion ne produit que très peu de résidus, dont une grande partie s'écoule avec le condensat dans les installations modernes à condensation. Par rapport à toutes les autres installations de chauffage au bois et au mazout, les installations de chauffage aux pellets émettent beaucoup moins de suie et de particules fines. Le bois est en outre une matière première neutre en CO2, ce qui signifie que le CO2 produit lors de la combustion a été extrait de l'atmosphère pendant la croissance de l'arbre. Il s'échapperait exactement de la même manière dans l'atmosphère si l'arbre était laissé à l'abandon dans la forêt et se décomposait.
Le potentiel d'exploitation du bois suisse
Le volume de bois récolté ne cesse de progresser depuis 2018. «Sans surexploiter la forêt, 7 à 8 millions de m3 de bois pourraient être récoltés chaque année en Suisse. Aujourd'hui, nous exploitons en moyenne environ 5 millions de m3, comme ces dernières années. Il y a donc encore du potentiel pour exploiter davantage de bois dans les forêts suisses», explique Benno Schmid, responsable du département Communication et politique de ForêtSuisse.
Des réserves importantes sont disponibles notamment dans les Préalpes, les Alpes et le Sud des Alpes. «Mais la récolte du bois dans ces régions est liée à des coûts considérables qui ne peuvent généralement pas être couverts par le seul produit de la vente du bois. Si l'on veut exploiter ce potentiel, des mesures de promotion ciblées sont nécessaires.» Le bois récolté est «utilisé en cascade», à savoir n’est usé à des fins énergétiques que le bois qui ne trouve pas d'utilisation de valeur supérieure. «Cela suppose toutefois que la Suisse dispose de capacités de transformation suffisantes pour les grumes (bois de sciage) et que les prix payés pour les autres assortiments, par exemple le bois d’industrie, soient suffisamment élevés.».
En 2022, le bois d’énergie, qui «doit sans doute son essor à la hausse du nombre de chauffages à bois et à la crise énergétique», a représenté un peu plus de 40% de la récolte de bois en Suisse. Le responsable précise que «lorsque l'on parle de potentiel de bois-énergie, il ne s'agit pas seulement de bois-énergie forestier, c'est-à-dire de bois directement issu de la forêt et utilisé à des fins énergétiques, mais aussi de résidus de bois provenant de l'industrie du bois, de l'entretien du paysage et de bois usagé».
Kalina Anguelova/AGIR
Plus d'infos:
Evolution du prix des pellets www.propellets.ch/fr/chauffer-aux-pellets/faits-et-chiffres/prix-des-pellets
Statistique forestière suisse (2022) www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home.assetdetail.26305096.html