Durant le semi-confinement de ce printemps, les agriculteurs n’ont pas chômé. Alors que les frontières étaient fermées et l’accès aux grandes surfaces limitées en nombre d’entrées, les familles paysannes ont tout mis en oeuvre pour approvisionner la population. Les marchés à la ferme ont vu leur clientèle exploser et certains exploitants se sont même transformés en livreurs à domicile. Ils sont d’ailleurs prêts à reprendre la route si l’évolution de la crise sanitaire l’exige.

« Avec l’augmentation des cas de Covid, nous recommençons à avoir des demandes pour des livraisons», confie Laurent Vulliamy, agriculteur et exploitant, avec son épouse, de l’épicerie de Goumoens-la-Ville, dans le Gros-de-Vaud. Durant la première vague de l’épidémie, il a assuré une dizaine de livraisons par jour, en collaboration avec le boulanger du village, Cyril Bezençon.  « Nous avons proposé ce service, gratuitement, parce que cela nous paraissait important d’aider les gens et d’apporter notre contribution à la population dans cette période difficile. »

Service rapide et compétitif

Parmi ceux qui ont fait appel à lui, des clients habituels, mais aussi des nouveaux-venus du village ou des régions alentours. « L’idée n’était pas de faire de la ségrégation. Certaines personnes, par exemple, sont venues à nous parce que les services assurés par Coop ou Migros étaient débordés. Il fallait attendre une semaine pour être livrés, alors que nous, nous le faisions pour le lendemain de la commande. » Une alternative d’autant plus intéressante que Laurent Vulliamy dispose d’une large gamme de produits avec sa double casquette d’agriculteur et d’épicier. Il vend ce qui provient directement de sa ferme, mais également ce que produisent d’autres exploitants de la région : viande, lait, fromages, etc, en plus d’une gamme de marchandise de première nécessité. Le tout à des prix très largement concurrentiels. Après la première vague de crise, certains nouveaux clients sont partis, d’autres sont restés. « C’est la vie, et nous sommes à nouveau prêts à aider tous ceux qui en ont besoin dans la commune et aux environs. »

Viande à domicile

De son côté, Laurent Chappuis, qui exploite en famille «Les saveurs du coin », spécialisé dans l’élevage de porcs ressent « une forte pression des clients pour reprendre la livraison à domicile ». Alors qu’il pratique la vente directe à la ferme, à Lussery-Villars (VD) et au marché de la Place St-François à Lausanne, il avait offert ce service aux clients, une fois par semaine, lors du semi-confinement de ce printemps. « Si les marchés devaient à nouveau être fermés, c’est ce que nous ferions. Si les gens ne peuvent pas venir à nous, nous irons à eux ! » Et bien d’autres sont également prêts à en faire de même. »

Pascale Bieri/AGIR