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Vers un renforcement de la protection des eaux
Les eaux en tant que milieu naturel sont sous pression et la diversité des espèces s'y appauvrit. Cette détérioration s'explique entre autres par la présence de pesticides, de résidus de médicaments et d'autres micropolluants. Afin d'améliorer la protection des organismes aquatiques, tels que les poissons et les écrevisses, et de maintenir la qualité des eaux, des valeurs limites spécifiques aux pesticides sont nécessaires. C'est pour cette raison que le DETEC a révisé l'ordonnance sur la protection des eaux (OEaux), explique le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication dans un communiqué.
En 2017, le DETEC a ouvert une procédure de consultation sur un projet de révision de l'OEaux. Ce dernier prévoyait d'abolir la valeur limite générale de 0,1 microgramme par litre et de la remplacer par une valeur spécifique à chaque substance, définie en fonction de sa toxicité pour les organismes aquatiques. Outre des valeurs plus strictes pour les substances les plus dangereuses, cela aurait signifié un assouplissement pour 25 pesticides, dont le glyphosate.
L'évaluation par le DETEC des avis formulés dans le cadre de la consultation a montré que le net allégement des valeurs limites pour certaines substances suscitait la critique. La forte augmentation des concentrations de pesticides admises, notamment, était perçue comme un mauvais signal. Afin de garantir la qualité de l'eau potable et d'assurer une meilleure protection des organismes aquatiques le DETEC a donc adapté le projet.
Ainsi, la valeur limite générale de 0,1 microgramme par litre doit être respectée dans l'ensemble des lacs, des ruisseaux et des rivières. Cette valeur s'applique aussi au glyphosate. En revanche, douze pesticides particulièrement problématiques - tels que la cyperméthrine, un insecticide - se verront désormais soumis à des valeurs plus strictes, inférieures à 0,1 microgramme par litre. De plus, des valeurs limites seront imposées pour trois médicaments.
Parallèlement, pour ce qui est des valeurs limites en matière de pesticides, l'OEaux fera la distinction entre les eaux utilisées comme eau potable et celles qui ne le sont pas.
S'agissant des eaux qui ne sont pas exploitées comme eau potable, l'ordonnance vise la protection des organismes aquatiques. En principe, la valeur limite de 0,1 microgramme par litre doit être respectée dans ces eaux. Pour 14 substances cependant, celle-ci sera relevée. Du point de vue scientifique, ces substances - dont par ex. le fongicide cyprodinil - ne présentent pas de risques pour les organismes aquatiques lorsque les concentrations se situent en dessous des nouvelles valeurs limites.
Les eaux utilisées comme eau potable, quant à elles, restent soumises à la valeur limite générale de 0,1 microgramme par litre. Aucun relèvement de cette valeur limite n'est prévu. La charge en pesticides de ces eaux ne peut donc pas être supérieure à celle de l'eau potable. Par ce biais, la protection de l'eau potable est assurée.
Les cantons sont compétents pour la mise en œuvre de la protection des eaux. Les nouvelles valeurs limites faciliteront leur tâche car ils pourront désormais prendre directement des mesures ciblées en cas de dépassement des valeurs. Pour la Confédération, les nouvelles valeurs limites vont servir de référence pour évaluer le plan d'action sur la réduction des risques et l'utilisation durable des produits phytosanitaires, la politique agricole et l'équipement des stations d'épuration afin que celles-ci puissent également éliminer les micropolluants.
Réactions
Dans un communiqué publié ce mardi, Pro Natura salue la décision d’abaisser les valeurs limites pour certaines substances mais l’organisation constate cependant que des substances hautement toxiques continueront à polluer les cours d’eau. «Si les valeurs limites de substances hautement toxiques ont été revues à la baisse pour les eaux destinées à la boisson, les eaux qui ne sont pas destinées à la consommation pourront continuer à contenir des concentrations de pesticides plus élevées. Cette différenciation entre des eaux plus ou moins protégées est inacceptable», estime l’organisation qui réclame une «interdiction pure et simple des substances les plus dangereuses, ainsi qu’une procédure d’autorisation à même d’éliminer leur mise sur le marché».
AGIR/SP