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Initiative biodiversité : un débat sur les faits plutôt qu’avec des photos truquées et des raccourcis
Alors que la campagne menée de part et d’autre en vue des prochaines votations bat son plein, il y a quelques jours sur la page Facebook officielle des partisans du OUI à l’initiative biodiversité, les initiants ont sponsorisé une publicité sensée montrer la perte de biodiversité en Suisse. La publication oppose une prairie en fleurs toute en couleurs avec en surimpression l’année 2000 (image de gauche ci-après), et un cliché de la même praire beaucoup plus verte et seulement quelques fleurs isolées et la mention « La biodiversité en Suisse va de plus en plus mal. » (cliché de droite ci-après), le tout ayant pour objectif de démontrer la perte de diversité en Suisse qui résulterait des pratiques des agriculteurs décrites comme abominables :
Images : voir CP remis en attaché
Des images qui constituent une manipulation grossière !
Il n’a pas fallu plus de 48 heures pour que la famille paysanne dont le terrain a été photographié soit informée. Elle a confirmé à l’alliance du NON que cette prairie est une zone de promotion de la biodiversité inscrite en qualité deux, soit la crème de la crème en matière de protection de la biodiversité. En réalité, ces clichés ne montrent pas une baisse de biodiversité sur une ou deux décennies. Il s’agit de la même prairie, mais à deux périodes différentes : la première image en pleine floraison, la deuxième quelques semaines plus tard à une période où la majeure partie des fleurs a terminé sa floraison. L’évolution du feuillage du charme en arrière-plan, presque nu lors de la première photo et paré de son feuillage sur la deuxième photo, confirme cette analyse.
Avertis, les initiants ont désormais retiré leur photomontage trompeur, sans, bien entendu, présenter d’excuses à la famille concernée ni aux internautes qu’ils auraient induits en erreur. L’événement, qui peut sembler anecdotique, illustre bien certaines dérives de cette campagne. Tandis que les opposants sont régulièrement accusés d’inventer des pourcentages ou d’ignorer la science, les initiants entretiennent un rapport plutôt ambigu avec la vérité. Ce photomontage grossier – et l’alliance du NON insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une erreur, mais d’un mensonge destiné à décrédibiliser le monde agricole et à façonner avec des fake news l’opinion de la population – n’est que la partie émergée de l’iceberg.
Un débat basé sur les faits, aussi dans les médias
Depuis plusieurs mois, les initiants font circuler une pétition sur internet pour un débat constructif et basé sur des faits. Dans ce contexte, l’alliance du NON s’étonne donc, pour ne pointer que quelques exemples, que :
• Dans ladite pétition mentionnée ci-avant, il est possible de faire enregistrer jusqu’à sept voix par signataire (soit celle issue de l’inscription, à laquelle on peut additionner jusqu’à six enfants, évidemment mineurs qui plus est).
• Les initiants utilisent des images tournées en Chine pour pointer un déclin des pollinisateurs en Suisse.
• Certains soutiens des initiants n’hésitent pas à étaler dans la presse via des courriers des lecteurs que « la fabrication du Dafalgan dépend directement de la biodiversité. » Une information ni plus ni moins qu’erronée, le paracétamol, issu d’une fabrication synthétique, provenant à l’origine de certains types de goudron.
• Les initiants considèrent que sans pollinisation, les fruits deviendraient des denrées rares et que nous n’aurions tout bonnement plus de vin. Ils oublient dans ce faux argument que la vigne est une plante qui s’auto-féconde et n’a donc pas besoin d’abeilles pour fleurir.
L’alliance du NON s’étonne par ailleurs du manque d’intérêt des médias romands à l’égard de ces approximations, émanant de personnalités qui réclament un débat constructif et basé sur les faits. Elle souligne en particulier le manque de neutralité du service public qui penche très clairement en faveur des positions des initiants. Un courrier en ce sens a été transmis à la direction de la RTS. La missive revient notamment sur cet hallucinant reportage du 19h30 où l’un des chefs de file des initiants les plus actifs, François Turrian, est présenté comme un simple ornithologue sans que ne soit mentionné à aucun moment son rôle dans la campagne. En effet, occulter ce statut d’activiste politique, permet aux journalistes de se dédouaner de l’obligation de présenter l’avis du bord opposé. De manière générale, la tendance des médias à considérer comme indiscutable tout discours émis par un scientifique sans s’interroger sur l’activisme ou l’agenda politique de ce dernier paraît particulièrement problématique.
Les organisations membres de l’alliance espèrent que dans les deux semaines qui restent avant la votation, les journalistes romands trouveront le temps de rappeler que si l’on voit moins de fleurs dans les champs et les prairies en septembre qu’en avril, ce n’est pas la faute des paysans pollueurs, mais l’évolution naturelle des saisons. De même, quelle que soit l’issue du vote du 22 septembre, celui-ci n’aura aucun effet sur la pénurie de médicaments dont souffre la Suisse. Elle péjorera l’autosuffisance alimentaire de ce pays, exportera son empreinte biodiversité et ralentira la transition énergétique.
Communiqué de presse du comité contre l’initiative biodiversité du 10 septembre 2024
Personnes de contact :
Loïc Bardet, directeur d’Agora, l.bardet@clutteragora.ch, tél. 079 718 01 88
Alexandre Truffer, directeur de la communication de Prométerre, a.truffer@clutterprometerre.ch, tél. 079 508 87 57
www.initiativebiodiversite-non.ch