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Les paysans restent bien représentés
Les urnes ont parlé. Les Verts et les Verts libéraux sont les grands vainqueurs des élections fédérales, il faut le reconnaître en toute honnêteté. Tous les autres y ont laissé des plumes. Tous ? Non ! Il existe encore un groupe parmi les gagnants : les paysans. Regardons les choses d’un peu plus près. Au lendemain des élections fédérales, l’Union suisse des paysans (USP) constate que l’agriculture pourra compter sur une représentation aussi forte que jusqu’à présent. Pendant la nouvelle législature, l’USP invitera 27 membres du Conseil national et trois membres du Conseil des États à la Conférence des parlementaires paysans (CPP). Dans certains cantons où un second tour aura lieu, d’autres candidates et candidats du monde agricole pourraient arriver au Conseil national comme viennent-ensuite en cas d’élection de membres de la Chambre basse à la Chambre haute. Quelques représentants paysans pourraient aussi accéder au Conseil des États. Au final, il se pourrait même que la représentation se révèle plus importante que jusqu’à présent. La CPP réunit les membres du Parlement qui sont paysanne ou paysan, qui assument des responsabilités dans une exploitation agricole, qui entretiennent des liens professionnels étroits avec l’agriculture ou qui exercent une fonction importante dans une institution ou une organisation agricole, en général une organisation membre de l’USP. Tous les partis, sauf le PVL et le PS, seront représentés à la CPP.
L’USP a atteint ou va même dépasser son objectif électoral de maintenir la représentation paysanne sous la Cou-pole. Comment est-ce possible, au vu de la vague verte qui a déferlé sur le Parlement et emporté toute une série d’illustres représentants de l’économie et de parlementaires de longue date sur son passage ? Le maître-mot, c’est la mobilisation. Celle-ci n’a été au rendez-vous ni dans le camp bourgeois ni dans de nombreuses régions, comme le montre le taux de participation de 45 %. Un absentéisme dont ont profité la Suisse urbaine et les jeunes électeurs, qui se rendent davantage aux urnes aujourd’hui. Dans l’agriculture, en revanche, la mobilisation a fonctionné. Le message « Jamais mobilisation et sagesse n’ont été aussi importantes » a été entendu. Si-non, il n’aurait pas été possible, pour les candidates et candidats paysans ou proches de l’agriculture, d’obtenir en grande partie de bons résultats sur les listes des partis et d’être (ré)élus, avec le résultat que l’on connaît. Toutes les électrices et tous les électeurs paysans méritent reconnaissance pour s’être rendus aux urnes et d’y avoir glissé les bonnes listes et les bonnes personnes.
L’USP se réjouit aussi de la réélection d’un nombre important de membres du Club Agricole de l’Assemblée fédérale. Comme les nouveaux élus adhéreront sans aucun doute à ce groupement parlementaire, le nombre de membres restera de 100 environ. Parmi les membres du Club figurent non seulement les parlementaires agricoles, mais aussi des sympathisantes et des sympathisants, dont de nombreux conseillers nationaux ou aux États s’engageant pour la cause agricole et collaborant avec l’USP.
Après les élections, le travail pourra reprendre au Parlement. Au vu des nouveaux rapports de force, la besogne ne s’annonce pas plus aisée qu’auparavant. L’USP continuera de définir les intérêts de l’agriculture à travers des processus démocratiques, puis elle recherchera des alliances pour représenter le secteur avec succès. Pour ce faire, l’accent sera mis sur la collaboration avec les alliés traditionnels les plus proches. L’USP entend toutefois aussi établir un dialogue et une collaboration avec les forces en progression au Parlement, en particulier avec les Verts. Sur certains points, comme la protection douanière ou le libre-échange, les choses pourraient même de-venir plus faciles qu’auparavant. L’alliance en matière de génie génétique sera de toute façon entretenue. Il ne devrait guère y avoir de désaccord concernant les enveloppes financières destinées au secteur agricole et alimentaire. À l’inverse, des divergences sont probables quant à l’affectation des moyens, et même certaines s’agissant du degré d’écologie voulu. Des débats exigeants s’annoncent au sujet de la conception de la Politique agricole 22+, du futur aménagement du territoire et, surtout, d’une série d’initiatives populaires extrêmes et nuisibles pour les familles paysannes. Ce sont le bien des familles paysannes et le maintien d’une agriculture indigène durable qui serviront de fil conducteur dans ces débats. Des solutions utopiques, qui ne mènent à rien sauf à une délocalisation de la production, sont absurdes. Nous voilà donc déjà dans le vif du sujet dont l’USP débattra avec les nouveaux, mais aussi avec les parlementaires réélus. Affaire à suivre !
Urs Schneider, directeur adjoint de l’Union suisse des paysans
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