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Agriculture - Les horticulteurs suisses souffrent des importations massives de fleurs coupées en provenance des pays à bas coûts de main-d'œuvre
26.02.2019 – On a appris au consommateur à acheter des fruits et des légumes de saison. Il faut faire la même chose avec les fleurs, estime Jean-Marc Crousaz, à la tête de Crousaz fleurs.
(ATS/AGIR) - La Centrale Suisse de la culture maraîchère et des cultures spéciales (CCM) informe qu'en 2018 - les chiffres sont provisoires - la rose est la catégorie de fleurs la plus importée dans la Confédération (5204,1 tonnes), dont 47% en provenance d'Afrique, 29% des Pays-Bas et 19% d'Amérique latine.
"Seules les variétés de roses très difficiles à trouver sur le marché valent la peine d'être cultivées en Suisse," reconnait Manoel Nebes, responsable commercial de l'entreprise horticole genevoise Millo & Cie. Le marché de la rose est pourtant porteur puisqu'il s'agit de la fleur coupée la plus achetée dans le monde. Royal Flora Holland, l'organisateur du plus grand marché international des fleurs et plantes, évalue le volume des ventes de roses à près de 4 milliards de dollars en 2015.
"Les catégories de fleurs importées en grandes quantités, comme par exemple les roses, ne sont plus produites en Suisse," confirme Peter Schwegler, collaborateur scientifique auprès de l'Office fédéral de l'agriculture. D'Europe, les centres de production se sont déplacés vers des pays à la météo plus favorable tout au long de l'année, ainsi qu'à bas coût de main d'oeuvre. Seule exception, les Pays-Bas dont la production horticole intensive pendant l'hiver boréal est réalisée sous serre.
Jusqu'en 2017, la production suisse de fleurs coupées était protégée par des mesures douanières, pendant leur période de culture du 1er mai au 25 octobre. Ce n'est désormais plus le cas. L'association suisse des entreprises horticoles, Jardin Suisse, avait "déploré cette évolution" dans un communiqué publié en 2016 et alerté que "les tournesols font partie des quelques cultures nationales qui pourront survivre dans ces conditions.
En réalité, la suppression des mesures de protection des cultures indigènes en 2017 n'a pas eu d'impact majeur sur les volumes de production de fleurs coupées (1683,7 tonnes en 2018, en baisse de 4,3% sur un an, selon les chiffres provisoires de la CCM), ce d'autant plus que les volumes d'importation ont fléchi (18'445 tonnes en 2018, en baisse de 5,35% sur un an).
La pérennité des entreprises horticoles suisses dépend plus que jamais du comportement des consommateurs, estime le responsable de Crousaz fleurs qui reconnait que les mesures de protection n'ont pas été supprimées d'un coup en 2017, mais graduellement, sur une période de dix ans
Auteur : ATS/AGIR