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Biodiversité - Les organismes aquatiques comme les vers ou les larves d'insectes souffrent des purges des "prises d'eau", selon une étude
01.03.2019 – Ces petites installations situées le long des rivières d'altitude servent notamment à rediriger l'eau vers les barrages.
(ATS/AGIR) - Contrairement aux barrages, dont les sédiments sont purgés tous les un à deux ans, ceux des prises d'eau le sont quotidiennement et même plusieurs fois par jour. Dans certains bassins, des purges doivent être effectuées jusqu'à 17 fois par jour, indique une étude de l'Institut fédéral des sciences et technologies de l'eau (Eawag) et l'Université de Lausanne, rendue publique jeudi.
"Les conséquences sont dramatiques", écrit l'Eawag dans un communiqué. En été, lorsque les purges sont les plus fréquentes, les chercheurs n'ont détecté presque aucun signe de vie dans la Borgne d'Arolla, un cours d'eau alpin valaisan. "Les petits organismes se trouvent ensevelis sous les apports répétés de sédiments et la situation ne s'améliore qu'à l'automne, lorsque les purges s'espacent."
"A notre grande surprise, le cours d'eau est alors rapidement recolonisé à partir des affluents", explique l'écologue Christopher Robinson, cité dans le communiqué de l'Eawag. Toutefois, les communautés restent appauvries. Et dès que les purges reprennent, les animaux disparaissent aussi vite qu'ils sont venus.
Il y a encore un quart de siècle, la situation était tout autre. A l'époque, une équipe de biologistes avait déjà étudié les macroinvertébrés de la Borgne d'Arolla. Alors que les prises d'eau existaient déjà, l'impact écologique constaté était relativement faible. Mais suite à la fonte des glaciers dans le bassin versant, les apports de sables et graviers dans le cours d'eau ont augmenté, exigeant un nombre croissant de purges quotidiennes. Jusqu'à atteindre le niveau actuel, qui interdit quasiment toute vie en aval.
Le problème est d'autant plus aigu que les prises d'eau représentent l'ouvrage de prélèvement dominant dans les Alpes. "Il faut impérativement que la fréquence des purges sédimentaires soit revue à la baisse", exhorte Christopher Robinson. Afin de limiter les impacts, les chercheurs préconisent d'imposer un régime de débits résiduels convenables et de rétablir une dynamique naturelle du transport de sédiments.
Auteur : ATS/AGIR