Main Content
Commerce de viande frauduleuse - Plusieurs pays de l'Union européenne s'efforçaient samedi de localiser de la viande de bœuf d'animaux malades en provenance de Pologne pour la détruire et en empêcher la consommation
04.02.2019 – Près de trois tonnes ont été exportées dans l'Union européenne.
(ATS/AGIR) - Selon l'Inspection vétérinaire polonaise, 2,7 tonnes de viande frauduleuse provenant d'un abattoir du village de Kalinowo ont été exportées vers 13 pays membres de l'Union européenne - Allemagne, Espagne, Estonie, Finlande, France, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Portugal, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Suède -, tandis que 7 tonnes ont été distribuées dans une vingtaine de points de vente en Pologne.
Une équipe d'experts européens séjournera en Pologne du 4 au 8 février pour évaluer la situation sur place. Varsovie a fermé l'entreprise concernée.
L'affaire a été révélée par la chaîne de télévision privée TVN24. Un de ses journalistes s'est fait embaucher par le petit abattoir dans la région d'Ostrow Mazowiecka, dans le nord-est de la Pologne. Son enquête a révélé que des marchands proposaient par petites annonces d'acheter des vaches malades, pour un prix très inférieur à celui des animaux sains. Des images filmées par TVN24 ont révélé que des vaches paraissant très affaiblies étaient tuées de nuit dans l'abattoir en question, échappant ainsi aux contrôles vétérinaires officiels effectués de jour.
La Commission européenne, alertée par les autorités polonaises, n'a pas exprimé de jugement sur la qualité de la viande suspecte. Elle a rappelé que "la pratique de traîner les animaux incapables de marcher, comme cela est décrit (dans le reportage polonais), est interdite par la législation de l'UE sur la protection des animaux dans les abattoirs". Le ministre polonais de l'Agriculture Jan Krzysztof Ardanowski a déclaré vendredi qu'une enquête policière avait été ouverte "sur les propriétaires de l'abattoir et tous ceux qui ont participé à ce procédé".
Pour la Pologne, les conséquences de l'affaire peuvent être lourdes. Entre 80% et 90% de la production polonaise de viande de bœuf sont exportés, surtout vers l'UE, mais aussi vers des pays tiers. En 2018, la totalité des exportations polonaises de bœuf a atteint environ 415'000 tonnes.
Varsovie affirme que la viande, issu de la mise à mort illégale d'animaux potentiellement malades, révélé par le reportage d'une télévision polonaise, ne présente pas de risque pour la santé des consommateurs.
L'intégralité de la viande polonaise frauduleuse écoulée en France a été localisée, a annoncé samedi le ministère de l'Agriculture, après que les 145 derniers kilogrammes, sur près de 800 en tout, ont été retrouvés, une partie ayant déjà été vendue à des consommateurs. "Les 145 kilogrammes restants ont été identifiés dans des lots de viande commercialisés par des grossistes, boucheries ou restaurants", a annoncé le ministère. "Une partie de ces lots a pu être retirée du marché." "Ce qui est compliqué, c'est que les 145 kilogrammes ont été mélangés à des viandes de différentes origines" par le grossiste qui les a écoulés, a expliqué le ministère. "On ne peut plus les identifier en tant que tels."
L'émotion en France est d'autant plus grande que s'y déroule actuellement le procès des "lasagnes au cheval". Cette fraude-là portait sur 500 tonnes de viande de cheval, achetée notamment en Roumanie via les Pays-Bas et vendue frauduleusement comme étant du bœuf par une entreprise française.
Une force européenne d’inspection sanitaire
Par ailleurs, la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau a de nouveau réclamé dimanche la création d'une "force européenne d'inspection sanitaire". Cela pour mieux protéger les consommateurs après la nouvelle affaire de viande polonaise frauduleuse. "Nous demandons depuis longtemps une force d'inspection sanitaire: les Européens ont le droit de savoir ce qu'il y a dans leur assiette, la qualité de l'air qu'ils respirent et de l'eau qu'ils consomment. Parce que les produits circulent, il faut donner à l'Union européenne une responsabilité qu'elle n'a pas encore", a-t-elle déclaré, invitée sur la radio privée RTL. "L'Europe doit faire des progrès, c'est la raison pour laquelle il faut une responsabilité européenne, mais ce sont les Etats qui ont refusé que l'Europe inspecte les abattoirs", a-t-elle insisté. "Aujourd'hui il n'y a pas assez d'Europe: ce sont les autorités sanitaires nationales qui ont la responsabilité de lutter contre les fraudes", a-t-elle poursuivi, en rappelant le scandale des "lasagnes" au cheval en France en 2013. "Ça arrive maintenant en Pologne, c'est une raison de plus pour vouloir une Europe plus efficace. Nous demandons une force d'inspection sanitaire".
Auteur : ATS/AGIR