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Détecter les traces des nouvelles techniques génomiques
10.04.2024 – De nouvelles techniques génomiques, les NGT, sont utilisées pour sélectionner des plantes résistantes aux maladies. Savoir comment détecter les traces de ces plantes dans l'alimentation constitue l'enjeu du projet européen DETECTIVE, auquel participe l'Université de Neuchâtel.
Ces plantes sont parfois qualifiées de "nouveaux OGM". L'Université de Neuchâtel est impliquée via le groupe de Daniel Croll, professeur de génétique évolutive, a-t-elle fait savoir mercredi. Le budget global s'élève à 6,6 millions d'euros (près de 6,5 millions de francs), dont un plus de 500'000 euros revenant à l'UniNE.
Ces dernières décennies, les opérations pratiquées dans les organismes génétiquement modifiés (OGM) traditionnels consistent à insérer des gènes entiers provenant d'autres espèces, par exemple un gène bactérien inséré dans le génome d'une plante. L'idée vise à obtenir des caractéristiques bénéfiques, précise le communiqué. Le but peut être de rendre une plante résistante aux parasites, au changement climatique, ou d'améliorer son rendement. Dans l'Union européenne (UE) et en Suisse, les OGM sont actuellement interdits à la culture et à la consommation. Faire respecter cette législation est généralement simple sur le plan technique.
Fin des gènes étrangers
En effet, il est relativement facile de distinguer un gène étranger, bactérien par exemple, d'un gène végétal ou animal. Avec l'avènement des NGT, l'UE et la Suisse penchent vers un assouplissement de la législation, car celles-ci ne font plus appel à des gènes étrangers pour introduire des caractéristiques bénéfiques.
Les NGT permettent de rechercher les propriétés désirées au sein d'une même espèce en utilisant les ciseaux moléculaires, dont la découverte a valu un prix Nobel. Comme les modifications ne se déroulent plus sur des gènes entiers, mais sur des portions, la détection devient plus délicate pour déterminer ce qui relève d'une modification significative ou non.
"Le débat politique s'oriente vers l'autorisation des NGT tout en maintenant l'interdiction des modifications génétiques classiques", explique le professeur Daniel Croll. La proposition prévoit que jusqu'à 20 modifications de bases (de lettres individuelles dans le code génétique) seraient autorisées et appelées "NGT-1".
Des questions en suspens
En cas de modification plus importante, des règles strictes resteront en place, ajoute Daniel Croll, cité dans le communiqué. Ces modifications seraient appelées "NGT-2". Si cet assouplissement est une bonne nouvelle pour les partisans de la mise en ½uvre des NGT dans la production agricole, de nombreuses questions demeurent. L'une des plus pertinentes est de savoir comment l'application fonctionnera. En d'autres termes, savoir s'il y aura des solutions techniques pour déterminer si les NGT ont été appliquées à seulement 20 bases (NGT-1) ou à plus (NGT-2). C'est à ce genre de questions que s'attellera Daniel Croll dans le cadre du projet DETECTIVE. "Notre objectif est de développer des outils qui faciliteront la distinction des types de NGT, mais aussi de montrer quelles seront les limites à ne pas franchir", conclut le professeur Croll.
Ce projet sera évoqué lors du café scientifique qui se tiendra le 24 avril avec pour titre "Faut-il réconcilier Bio et OGM?".
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)