Main Content
Une association intercantonale pour guider la transition climatique
11.01.2024 – Une nouvelle association intercantonale voit le jour dans le milieu de l'agriculture en Suisse romande. Pilotée depuis le canton de Vaud, AgroImpact veut accompagner la transition climatique de l'agriculture à travers la réduction de son empreinte carbone.
Il s'agit d'une collaboration "inédite et pionnière" en Suisse entre pouvoirs publics, agriculteurs, industriels et associations écologistes, initiée par Prométerre et le Canton de Vaud. L'objectif est d'épauler les agriculteurs et réaliser des actions concrètes dans des fermes réparties dans les six cantons romands, notamment en matière de stockage de gaz carbonique dans les sols.
"C'est un modèle novateur pour financer la transition climatique dans l'agriculture avec un monitoring important et un objectif de certification via une expertise et validation scientifique", a résumé la conseillère d'Etat vaudoise en charge des finances et de l'agriculture Valérie Dittli. "C'est une petite révolution agro-écologique", a-t-elle affirmé.
Sa collègue de gouvernement et ministre de l'économie Isabelle Moret a parlé d'un "grand jour pour l'innovation, en particulier celle qui forge des liens solides entre l'économie et la durabilité". Elle a salué un "modèle rassembleur, puisqu'il réunit autour d'un même projet des acteurs aux opinions parfois divergentes".
Nestlé et WWF à la même table
AgroImpact est donc une alliance entre production, transformation et société civile. Elle est soutenue par les chambres d'agriculture des six cantons romands, par des acteurs de l'industrie et du commerce comme Nestlé, des ONG telles WWF et Earthworm, des institutions de recherche (EPFL, HEG Genève, HEPIA), des institutions de vulgarisation (Agridea, Proconseil, Agora) et des groupements comme PROLAIT et la Fédération suisse des producteurs de céréales.
A ce stade, c'est essentiellement le Canton de Vaud qui finance cette association à hauteur de 1,05 million de francs sur une période de cinq ans. A terme, elle devra s'autofinancer, a précisé Aude Jarabo, docteure ès Sciences et directrice d'AgroImpact.
S'agissant du soutien direct aux agriculteurs qui réalisent un bilan carbone de leur exploitation, un subventionnement à hauteur de 1,25 million de francs sur cinq ans est prévu par le Canton de Vaud dans le cadre du volet agricole du Plan climat. Les cinq autres cantons devraient aussi soutenir leurs agriculteurs via des fonds en lien avec leur Plan climat déjà en place ou en cours d'élaboration.
Une centaine de fermes inscrites
Une vingtaine de paysans ont participé au projet-pilote et une centaine de fermes sont désormais inscrites, provenant surtout des cantons de Vaud et Genève ainsi qu'une dizaine sur Neuchâtel. L'association se dit ouverte à intégrer des cantons alémaniques.
AgroImpact a développé un procédé permettant de calculer non seulement les émissions précises d'un domaine agricole, mais aussi sa capacité à stocker du carbone dans le sol. "C'est un outil innovant, crédible, pratique, fiable et efficient, accessible à tous les types de domaines agricoles, petits et grands, et tablant sur des solutions locales et adaptées", ont argué ses responsables.
Les résultats permettent de connaître l'empreinte carbone (les émissions moins le stockage) de l'exploitation, mais aussi de calculer avec précision l'équivalent CO2 de la production d'un litre de lait ou de vin et d'un kilo de viande ou de céréales. Le projet-pilote a montré que certains domaines étaient des puits de carbone stockant plus de CO2 sur leurs sols qu'ils n'en émettaient par leur activité.
Trois piliers
AgroImpact repose sur trois piliers: une validation et certification scientifique (ClimaCert), un registre public des exploitations attestées et une plateforme de financement.
L'exemple d'une ferme agricole de 40 hectares à Bavois a été cité dans le cadre de la phase-pilote. Après évaluation des émissions de gaz à effet de serre et des capacités de stockage de carbone, le plan d'action de son agriculteur devrait lui permettre de réduire de 95% l'empreinte carbone de son domaine par rapport à la situation actuelle.
Ses leviers d'actions sont l'installation de panneaux solaires et la diminution de 10% des engrais azotés de synthèse pour faire baisser les émissions ainsi que l'apport de broyat de déchets verts sur une nouvelle parcelle chaque année pour augmenter son stockage de carbone dans les sols du domaine.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)