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Quand les insectes se font alliés de l’agriculture
On entend beaucoup parler des insectes nuisibles: dans l’agriculture il y a le charançon de la vigne, le carpocapse des pommes, ou encore les pucerons responsables de la jaunisse de la betterave, pour ne citer qu’eux. Mais si certaines de ces petites bestioles font des dégâts – qui peuvent aller jusqu’à la destruction totale d’une culture -, d’autres sont de précieuses alliées pour les paysans. Parmi celles-là : les butineurs, bien sûr, mais aussi les prédateurs et les recycleurs.
A l’occasion de son assemblée générale, qui s’est déroulée à Sonceboz, dans le Jura bernois, l'Association romande L'école à la ferme s’est intéressée à ces insectes. Plusieurs exposés et ateliers sur le sujet ont été proposés aux prestataires de l’association, présents durant cette journée de mi-mars. Avec des idées et outils à utiliser dans le cadre des visites d’écoles qu’ils organisent sur leurs exploitations.
Des super-héros de la nature
Car si le monde agricole sait l’importance cruciale de certains insectes, les enfants, qui sont les consommateurs de demain, l’ignorent pour la plupart. Pourtant, chacun a un rôle à jouer dans la préservation de la biodiversité. C'est dans cet esprit que "L'école à la ferme" met en place - parmi de nombreuses thématiques propres à chaque prestataire -, des ateliers sur les insectes auxiliaires.
Quésaco les insectes auxiliaires? « Ce sont des insectes qui régulent les ravageurs et/ou contribuent à la productivité des cultures », résume Gaëlle Beureux, biologiste à la Fondation rurale interjurassienne, auteur d’un des exposés lors de l’AG. Tout en suggérant, illustrations à l’appui, qu’on présente ces petites bébêtes comme des super-héros de la nature, pour susciter l’intérêt et la sympathie des enfants. Ainsi, l'abeille pollinisatrice, la mouche décomposeur et la coccinelle prédatrice.
Comme des aliens
Les plus connus de ces insectes auxiliaires sont les pollinisateurs, dont l'abeille domestique. Mais aussi les abeilles sauvages (on en compte 600 espèces en Suisse), les papillons ou les coléoptères. En passant de fleurs en fleurs, ces insectes permettent la fructification d’une grande partie de nos cultures, et donc la production de notre alimentation.
Il y a ensuite les recycleurs, qui comprennent notamment les mouches, les fourmis et les coléoptères. Leur rôle à eux est de décomposer, nettoyer et recycler les matières organiques mortes, tels que les déchets, les excréments, les cadavres ou les végétaux sans vie. Ils les transforment en nutriments, qui enrichissent les sols, tout en nettoyant l’environnement.
Autres insectes très utiles pour nous : les régulateurs de ravageurs. Dans cette catégorie, on trouve d’un côté les prédateurs, comme les coccinelles mangeuses de pucerons, et de l’autre les parasitoïdes. Des êtres étonnants, à l’image de micro-guêpes qui pondent leurs œufs dans le corps d'autres insectes (chenilles, pucerons). Les larves qui éclosent mangent leur hôte de l'intérieur, comme dans le film Alien, et finissent par le tuer.
Mesures bénéfiques pour les abeilles
Pour favoriser la présence de ces auxiliaires des cultures, « il est important de leur offrir le gite et le couvert », image Gaëlle Beureux. Ainsi une étude est actuellement menée par la Fondation rurale interjurassienne, en collaboration avec des agriculteurs et des apiculteurs, au niveau des abeilles domestiques, avec le suivi de 300 colonies. Certains résultats préliminaires ont déjà pu démontrer l’impact très positif de certaines mesures agricoles. Parmi celles-ci : la fauche retardée dans les prairies temporaires, le renoncement au conditionneur lors de la fauche, ainsi que la mise en place de bandes florales.
Pascale Bieri/AGIR