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La jeunesse s’unit pour un système alimentaire durable
Depuis le début de l’année, de nombreuses manifestations agricoles ont eu lieu dans toute l’Europe pour dénoncer les conditions de la paysannerie. Ce mouvement a atteint la Suisse au début du mois de février. Depuis, les familles paysannes ont formulé leurs revendications : des prix équitables, une baisse de la charge administrative, une meilleure reconnaissance de leur travail et davantage de stabilité dans la politique agricole. L’association des Jeunes Agriculteurs Vaudois (JAVD) soutient ces revendications. En effet, pas moins de 40 % des chefs et cheffes d’exploitation atteindront l’âge de la retraite d’ici 2030, il est donc crucial que les jeunes se mobilisent pour obtenir des conditions cadres favorables à cette transition générationnelle.
Actuellement, la reprise d’une exploitation peut s’avérer très complexe et stressante, surtout dans un cadre extra-familial. Les raisons sont diverses et peuvent varier selon les situations. Toutefois, les JAVD ont listé les principaux facteurs de cette problématique : des prix payés aux producteurs insuffisants, une politique agricole instable qui ne permet pas d’avoir une vision à long terme, une charge administrative trop importante et parfois trop complexe pouvant mener à des pertes financières importantes, une liberté entrepreneuriale trop faible ainsi qu’un manque de protection face aux produits importés. Pour les JAVD, il est donc nécessaire d’agir pour que la nouvelle génération d’agricultrices et d’agriculteurs suisses poursuivre la transition vers une agriculture durable entamée par leurs aînés.
Dans cette optique, ils ont convié l’ensemble des jeunesses de parti du canton de Vaud à une rencontre pour échanger autour de l’agriculture et du système alimentaire. Tous les partis (JPOP, Ensemble à Gauche, JSV, Jeunes Vert.e.x.s Vaud, Jeunes Vert’libéraux vaudois, JDC Vaud, JLRV et Jeunes UDC Vaud) ont répondu favorablement à cette invitation et ont envoyé une à deux personnes. Steve Montandon, président des JAVD, a animé la séance. Il a commencé par présenter les revendications de la Commission nationale des jeunes agriculteurs (COJA) et a expliqué quelles étaient les principales difficultés rencontrées par la nouvelle génération d’agricultrices et d’agriculteurs. Il a également souligné que les conditions actuelles représentent un frein à l’innovation et empêchent certains jeunes repreneurs d’investir pour rendre leur exploitation plus résiliente face aux nombreux défis tels que le changement climatique. Par la suite, les représentants des partis ont pu poser leurs questions aux trois membres des JAVD présents.
La volonté de mettre les rancoeurs politiques de côté pour pouvoir collaborer sur ce sujet important pour la société s’est tout de suite fait ressentir. Chacun a pu apporter sa vision et son expertise. La discussion s’est avérée respectueuse et constructive. Elle a permis de développer des idées concrètes pour améliorer la situation des familles paysannes ainsi que le système alimentaire. Voici les principales propositions sur lesquelles le groupe va se pencher :
- Création d’un compte épargne d’assurance pour les exploitations
Cette mesure vise à permettre aux exploitants et exploitantes de créer une épargne d’assurance (personnelle et liée à l’entreprise), déductible des impôts, avec une partie de leur chiffre d’affaires lors des bonnes années. Cette épargne pourrait ensuite servir de liquidité lors des années moins favorables (achats de fourrages, achats d’intrants, etc.). L’objectif est d’augmenter la résilience des exploitations face aux aléas climatiques.
- Interdiction des double-casquettes dans les interprofessions
Cette mesure vise à éviter les conflits d’intérêts lors des négociations au sein des interprofessions afin de renforcer la défense des intérêts des producteurs, notamment lors de la fixation des prix. Un meilleur rapport des forces en présence est nécessaire.
- Période d’adaptation aux nouvelles exigences
Actuellement, les familles paysannes se voient imposer de nouvelles exigences sans période d’adaptation, ce qui peut engendrer du stress et des erreurs pouvant mener à une perte financière importante. Afin de limiter cette problématique, les exploitants et exploitantes devraient pouvoir se familiariser avec les nouvelles exigences pendant une période d’adaption qui peut varier selon l’urgence du changement et de la faisabilité économique et technique.
- Harmoniser les différents contrôles
Afin de simplifier la procédure administrative, une harmonisation des contrôles est nécessaire. Actuellement, certains contrôles se répètent et vérifient les mêmes points. De plus, certains contrôles pourraient être effectués à travers les données transmises par les exploitantes et exploitants.
- Sensibilisation de la population à l’alimentation
Cette mesure vise à dispenser des cours de cuisine sensibilisant également à la production à l’ensemble des élèves du canton. Elle aurait des effets positifs pour l’agriculture locale ainsi que pour la santé publique.
- Restauration financée par l’État au maximum locale
Cette mesure demanderait que la restauration financée par l’argent public achète des produits locaux et de saison quand cela est possible, afin de créer une base de consommateurs stable pour les producteurs et de permettre la création de marchés pour de nouvelles cultures (lentilles, quinoa, pois chiches, etc.).
- Refonte des paiements directs
La future politique agricole devrait permettre de valoriser le travail des familles paysannes. Le système actuel mène à des incohérences agronomiques et ne permet pas d’estimer la valeur des efforts fournis. Pour ce faire, les jeunesses de parti vaudoises et les JAVD proposent un système avec des paiements directs de base stables (nouvelles mesures devant être acceptées par le Parlement) pour rétribuer les prestations fournies pour l’environnement et la biodiversité. Le reste du système des paiements directs devrait être basé sur un système de points ou d’objectifs qui laisse plus de liberté entrepreneuriale aux familles paysannes.
- La production ne doit pas influencer l’offre
L’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) ne devrait pas utiliser la politique agricole pour influencer la consommation. L’agriculture doit pouvoir proposer des denrées alimentaires de qualité en suffisance en fonction de la demande. L’alimentation locale ne doit pas devenir un produit de luxe à l’avenir. La politique agricole devrait encourager une agriculture résiliente et innovante qui permet à l’ensemble de la population d’acheter des produits locaux.
- Des produits mieux rémunérés, mais pas au détriment du consommateur
Les prix payés aux producteurs devraient être équitables pour au moins couvrir les coûts de production. Pour ce faire, une hausse moyenne d’au moins 10% serait nécessaire. Un prix minimum pourrait aussi représenter une bonne solution. Cependant, cette augmentation ne devrait pas être entièrement répercutée sur les consommateurs, dont le pouvoir d’achat diminue également. Un prix équitable de la fourche à la fourchette est nécessaire !
- Diminuer la concurrence déloyale imposée par les produits importés
En raison de ses coûts de production élevés et de ses normes supérieures, l'agriculture suisse peine à rivaliser avec les produits importés. Ainsi, maintenir une protection douanière solide et introduire de nouvelles mesures pour favoriser les cultures innovantes est essentiel. Par exemple, la production de protéines végétales est entravée par la saturation du marché par des matières premières étrangères bon marché. Sensibiliser davantage les consommateurs aux conséquences des produits alimentaires importés, telles que la perte de biodiversité et les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que l'utilisation de produits phytosanitaires interdits en Suisse et les pratiques d'élevage négligées, représente également une solution envisageable.
À travers ces dix mesures, l’ensemble des jeunesses de parti ainsi que les JAVD souhaitent donner leur vision pour un système alimentaire durable et équitable, basé sur une agriculture rémunératrice, innovante, résiliente, entrepreneuriale et durable. Tous estiment que la collaboration est nécessaire pour trouver des solutions viables et réalisables pour l’alimentation du futur. C’est pourquoi les instigatrices et instigateurs prévoient de pérenniser le groupe. D’ailleurs, deux rencontres sont déjà prévues pour discuter des actions à mener au niveau cantonal et fédéral. Les JAVD se réjouissent de voir qu’une collaboration fructueuse entre jeunes va voir le jour. Celle-ci représente une belle motivation et encourage la nouvelle génération d’agricultrices et d’agriculteurs.
Communiqué de presse des jeunes agriculteurs vaudois JAVD
Plus de renseignements:
Steve Montandon, président des JAVD : 079 128 34 06, contact.javd@cluttergmail.com
Louis Habegger, membre du comité des JVVD, 079 155 49 34
Thomas Bonjour, membre des JVL vaudois, 078 791 83 33
Joël Oguey, président des JUDC Vaud, 076 282 87 21
Alexandre El Din, président des JDC Vaud, 079 711 05 23
Abdel Saiah, vice-président du PS Yverdon, 079 532 03 48
Mathilde Marendaz, députée vaudoise Ensemble à Gauche, 078 704 02 17
Keni Pereira Figueiredo, membre du comité de la Section des JPOP Vaud, 079 566 09 62
Gabriel Delabays, trésorier JLR Vaud, 079 930 68 14