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La blockchain est actuellement testée dans l'agroalimentaire pour améliorer la traçabilité et renforcer la transparence
20.01.2020 – Certains industriels et distributeurs misent sur cette technologie, permettant de partager et de stocker l'information de manière décentralisée, la rendant ainsi infalsifiable.
(ATS/AGIR) - En partenariat avec IBM, Nestlé mène plusieurs projets blockchain depuis deux ans, répondant ainsi aux attentes de "consommateurs de plus en plus exigeants", explique à AWP Benjamin Dubois, responsable de la transformation numérique chez Nestlé.
Il cite deux projets en France avec Carrefour, permettant aux consommateurs d'accéder via un code QR (un code à scanner avec le smartphone) aux informations sur la chaîne de valeur des produits "Purée mousline" et "Lait infantil Guigoz". La blockchain est également testée sur le volet de l'approvisionnement de matières brutes, à l'instar du lait ou de l'huile de palme.
"La blockchain peut être utilisée pour la traçabilité, l'authentification et la surveillance de l'état des marchandises sensibles", confirme l'association GS1, qui a pour tâche d'unifier les méthodes de codage dans la chaîne logistique. Toutefois, "il n'est pas encore possible de déterminer avec certitude dans quelle mesure son utilisation améliore la traçabilité des produits - même par rapport aux systèmes conventionnels", estime l'organisme mondial. Plusieurs projets pilotes reliant les standards GS1 et la chaîne de blocs sont menés, mais aucune solution complète n'existe pour le moment.
"L'obstacle principal au déploiement de nouvelles technologies vient de la nécessité d'avoir la participation de nos fournisseurs en amont", renchérit Benjamin Dubois.
Chez Migros, la blockchain est utilisée pour optimiser les processus logistiques et améliorer la traçabilité des produits frais. "Les entreprises doivent comprendre la valeur de l'échange collaboratif d'informations et être en mesure d'en tirer des avantages concrets", relève un porte-parole. "Sous la pression des consommateurs et des gouvernements, les marques sont amenées à être de plus en plus transparentes" indique à AWP Guy Escarfail, vice-président en charge des solutions digitales SGS pour les chaînes d'approvisionnement. Elles ont ainsi tendance à lancer "de petits projets de traçabilité" afin de tester la technologie blockchain et d'évaluer le degré de complexité de la mise en place et d'utilisation d'un tel concept ainsi que son coût. Toutefois, il n'y a aujourd'hui, "pas encore de programme blockchain à grande échelle", regrette-t-il, alors que des programmes de transparence globaux existent déjà, par exemple avec la solution SGS Transparency-One.
"Les premiers objectifs ont été atteints et maintenant nous voulons confirmer que le déploiement peut se faire à grande échelle", explique Benjamin Dubois, qui met en avant des "réactions très positives" des consommateurs.
Il reste néanmoins "un long chemin à parcourir" pour qu'un standard de transparence soit définit dans l'industrie, que ce soit avec la blockchain ou pas, estime-t-il.
De son côté, SGS rappelle que la technologie blockchain ne garantit pas la véracité de l'information. "Ce qui est intéressant est le caractère automatique du partage d'informations et l'aspect notarial (données stockées, horodatées et infalsifiables), mais en revanche ceci ne garantit pas que la donnée poussée dans la blockchain soit correcte", explique Guy Escarfail. Le numéro un mondial de l'inspection et de la certification ne voit pas son activité menacée par cette nouvelle technologie. "Tout le monde peut entrer des données dans la blockchain mais s'il y a une question de confiance dans la chaîne, il faudra toujours un tiers indépendant pour confirmer que l'information est correcte", assure-t-il. "Même si l'information vient d'objets connectés (IoT), il faudra qu'un tiers expert et de confiance comme SGS s'assure que les capteurs soient correctement calibrés et placés au bon endroit sur le terrain pour faire remonter l'information dont la chaîne a besoin (...), nous sommes le lien indispensable entre le monde réel et sa représentation digitale", affirme Guy Escarfail.
Auteur : ATS/AGIR