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Légère diminution des émissions de gaz à effet de serre en 2018
15.04.2020 – Les émissions causées par l'agriculture sont pour leur part restées inchangées depuis le début du siècle, constate l’OFEV.
Dans le domaine de l’agriculture, les émissions s'élèvent à quelque 6,7 millions de tonnes d'éq.-CO2 et restent ainsi en deçà de 10 % environ aux valeurs de 1990.
Selon l’inventaire de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), les émissions de gaz à effet de serre en Suisse se sont élevées en 2018 à 46,4 millions de tonnes d’équivalents CO2 (éq.-CO2), soit environ 1,5 million de tonnes de moins qu’en 2017. En 2018, les émissions se sont révélées inférieures d’environ 14 % à celles de 1990. La baisse par rapport à 2017 s’explique notamment par une nette diminution de la consommation de combustibles dans le secteur des bâtiments en raison d’un hiver doux. Le secteur des transports n’affiche quant à lui aucune baisse notable des émissions en 2018.
S'élevant à 11,2 millions de tonnes d'éq-CO2 en 2018, les émissions du secteur de l'industrie ont diminué de 14 % par rapport à 1990. Elles ont été corrigées rétroactivement de 0,5 million de tonnes d'éq-CO2, car une source jusque-là inconnue de protoxyde d'azote produit par Lonza SA, une entreprise suisse active dans l'industrie chimique et pharmaceutique, a été nouvellement prise en compte dans l'inventaire des gaz à effet de serre. Les émissions du secteur, qui stagnent depuis plusieurs années, ont diminué d'environ 0,2 million de tonnes par rapport à 2017. Pour atteindre l'objectif de réduction fixé à 15 % pour 2020, elles devront baisser davantage.
En 2018, les émissions liées aux transports se sont chiffrées à 15 millions de tonnes d'éq.-CO2, comme en 2017, soit 1 % de plus que le niveau atteint en 1990. L'adjonction de biocarburants aux carburants fossiles a considérablement augmenté ces dernières années, atteignant une part nettement supérieure à 3 % des ventes de carburant en 2018. Depuis 2008, les émissions affichent une baisse constante, notamment grâce au recul du tourisme à la pompe en Suisse. L'amélioration de l'efficacité énergétique des véhicules a également permis d'émettre moins de CO2 au kilomètre. Cette réduction est cependant balayée par l'augmentation du nombre de kilomètres parcourus. Selon les estimations actuelles, le secteur des transports est loin d'atteindre son objectif de réduction de 10 % d'ici à 2020.
Les émissions de gaz à effet de serre synthétiques, comme les fluides frigorigènes, sont pour leur part demeurées stables par rapport à 2017 (environ 1,7 million de tonnes d'éq.-CO2). Depuis le 1er janvier 2019, le Protocole de Montréal régit 18 gaz à effet de serre synthétiques importants. Ces prochaines années, sa mise en œuvre, également en Suisse, devrait entraîner un net recul des émissions de ce type de gaz. Néanmoins, la réduction visée dans ce domaine, soit de 10 % d'ici à 2020, devrait être manquée.
Selon les estimations actuelles, constate l’OFEV dans un communiqué, la Suisse manquera son objectif climatique national pour 2020 de -20 % par rapport à 1990.
L'inventaire suisse des gaz à effet de serre portant sur la période allant de 1990 à 2018 a été remis au Secrétariat de l'ONU sur les changements climatiques le 14 avril. Il dresse un tableau complet des émissions nationales de gaz à effet de serre régis par le Protocole de Kyoto.
Réaction du WWF
Dans un communiqué de presse publié aujourd’hui, le WWF estime que «les émissions baissent à un rythme bien trop lent ». Autre fait inquiétant selon Patrick Hofstetter, spécialiste de la protection du climat au WWF Suisse, cité dans le communiqué, « les émissions de méthane, de protoxyde d’azote et de gaz synthétiques n’ont toujours pas entamé de courbe descendante en 2018 ». Et le WWF de rajouter que «c’est avant tout l’agriculture qui est responsable des émissions importantes de méthane et de protoxyde d’azote. Mais des entreprises industrielles telles que Lonza SA, dont les émissions de protoxyde d’azote sont restées inaperçues pendant de nombreuses années et qui n’ont toujours pas été stoppées, y contribuent également ». Le WWF de conclure que « la révision totale de la loi sur le CO2 constitue une opportunité d’étendre la taxe sur le CO2 prévue aux gaz synthétiques et au protoxyde d’azote » et que « la révision actuelle de la politique agricole doit intégrer une trajectoire de réduction et des mesures concrètes pour la diminution des émissions de méthane et de protoxyde d’azote de l’agriculture ».
Auteur : AGIR/SP