Main Content
Un système de filtration contre les résidus de chlorothalonil
30.11.2020 – Une vingtaine de communes du Seeland vont acheter un système de filtration contre les résidus de pesticide, tels que le chlorothalonil dans les eaux souterraines. Le système coûte environ deux millions de francs, plus les frais de fonctionnement.
L'assemblée de la Seeländische Wasserversorgung (SWG), composée d'une vingtaine de communes, a approuvé l'achat d'un système de filtration par 24 voix contre 14, a indiqué dimanche à Keystone-ATS Roman Wiget, directeur général de la SWG, confirmant une information de la "NZZ am Sonntag".
Lors du vote, on a senti un fossé ville-campagne, a relevé Roman Wiget. Les communautés urbaines ont été plutôt positives face au projet et les communautés rurales plus critiques.
Pesticides dans l'eau depuis des décennies
Le fait que les niveaux maximaux de pesticides sont largement dépassés et qu'il faudra probablement des décennies pour que les polluants soient éliminés, a fait pencher la balance en faveur du oui, a poursuivi le directeur de la SWG. La protection des consommateurs est une priorité absolue, selon lui.
Le système de filtrage devrait être opérationnel d'ici la fin de 2021 au plus tard. Dès l'obtention du permis de construire, le système sera installé à la station de pompage SWG à Worben (BE) dans les six mois, selon Roman Wiget.
Il y a un an, la SWG a testé le système de filtration dans un projet pilote à plus petite échelle - "avec de très bons résultats". Un système de filtration de cette taille désormais homologué est une nouveauté en Suisse.
Poursuite en responsabilité
La SWG a également annoncé dimanche qu'elle examinait l'idée de lancer une action en responsabilité. L'objectif est de protéger les payeurs contre les coûts de la pollution par les pesticides. Roman Wiget n'a pas dit contre qui le procès serait spécifiquement dirigé. Il a seulement indiqué qu'il ne devrait pas y avoir de litige juridique avec les agriculteurs.
En février dernier, on a appris que l'eau potable du canton de Berne contenait trop de résidus du pesticide chlorothalonil dans de nombreux endroits. Le problème est particulièrement aigu dans le Seeland et en Haute-Argovie (BE).
Ce choix fait par les communes du Seeland va intéresser toute la Suisse, car tout le Plateau suisse est concerné. Les cantons d’Argovie, de Berne, de Fribourg, de Genève, de Lucerne, de Schaffhouse, de Soleure, de Thurgovie, du Tessin, de Vaud, du Valais, du Jura, de Neuchâtel, de Zoug et de Zurich sont touchés par ces pollutions.
Le chlorothalonil est utilisé depuis de nombreuses années en agriculture dans divers fongicides. L'Office fédéral de l'agriculture a approuvé ce produit dans les années 1970.
Les services de la Confédération ont qualifié le chlorothalonil comme "probablement cancérigène" et a interdit son utilisation au début de 2020. Près de 45 tonnes ont été utilisées en 2017 en Suisse. Cela représente 2,22% du total des produits phytosanitaires.
Au niveau national, deux initiatives sont en suspens sur cette question. Une initiative "Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse" demande d'interdire l'utilisation de pesticides de synthèse dans la production agricole ainsi que pour l'entretien des sols et des paysages.
Une deuxième initiative "Pour une eau potable propre" exige une production sans pesticide. Les exploitations doivent renoncer à tous les produits phytosanitaires et biocides, ce qui inclut par exemple les produits de nettoyage utilisés dans la production de lait.
Auteur : Agence Télégraphique Suisse (ATS)