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Fribourg cohabite avec le loup sans trop de heurts
Le 13 juillet, un loup a tué un mouton et en a blessé deux autres à Courmillens, dans le canton de Fribourg. Il s’agit de la première attaque de l’année, en terres fribourgeoises. Sur l'année 2022: 14 moutons ont été égorgés par le prédateur et, pour la première fois depuis qu’il a fait son retour dans le canton, il a également grièvement blessé un jeune bovin, qui a dû être abattu.
Un loup résident dans la Broye
Après avoir été éradiqué du canton en 1837 (1890 en Suisse), le canidé y est à nouveau présent depuis fin octobre 2007 (1995 en Suisse). Aujourd’hui, deux mâles sont identifiés à Fribourg, dont l’un (M212), réside en plaine - ce qui est encore inhabituel - dans la région de la Broye. Le second n’est pas établi et va et vient à travers les frontières.
Depuis 2007, plusieurs grands prédateurs ont été recensés dans le canton. Le premier, M16, est mort trois ans plus tard, lors d’un tir de régulation dans le canton de Vaud. Parmi d'autres faits marquants, en 2017, un jeune loup s’est aventuré à deux reprises en zone urbaine, à Bulle et à Broc. Il a été photographié, apeuré, puis on ne l’a plus revu en ville. Les deux années suivantes, aucun loup n’a été aperçu dans l’ensemble du canton. Il était à nouveau de retour en 2020, et a causé la mort de deux moutons. Le plus grand nombre de prédations ayant été enregistré en 2014 avec la mort de 37 moutons.
Pas de meutes
Cette année, hormis la récente attaque sur un mouton à la mi-juillet, la cohabitation avec le loup s’est donc déroulée sans incident. Le loup « résident » actuel semble se concentrer principalement sur la faune sauvage. D'ailleurs, des analyses génétiques effectuées sur plusieurs chevreuils retrouvés morts dans la Broye, confirme qu’ils ont bien été tués par M212.
Toutefois, une pétition munie de 631 signatures a été déposée, en mars dernier, pour demander l’éradication du loup dans la Broye. Une requête à laquelle le conseiller d’Etat, Didier Castella, a répondu par la négative, soulignant que « le loup a sa place dans la totalité du territoire national, en dehors des zone d’habitation. » Il ajoute qu’« une éradication pure et simple du loup serait illégale. » Le gouvernement fribourgeois imagine par ailleurs qu’il est probable que, « vu sa grande capacité d’adaptation alimentaire », ce grand carnassier puisse à l’avenir également s’attaquer au sanglier. Ce qui « diminuerait ainsi la pression et les dégâts sur l’agriculture ».
Suivi attentif
Cependant, s’il fait preuve de pragmatisme, le Conseil d’Etat ne reste pas les bras croisé. Dès 2008, un groupe de coordination « loup » du canton de Fribourg a été instauré. Il a été renommé groupe de coordination « Grand prédateur », 10 ans plus tard. Un kit d’urgence de protection est également disponible auprès de Grangeneuve. En cas d’attaque, le processus est également clairement défini. Des mesures de protection (clôtures supplémentaires et chiens de protection) sont mises en place chaque année en zones d’estivages pour protéger les troupeaux.
Par ailleurs, dans sa réponse à la pétition, le Conseil d'Etat indique qu’en cas de dégâts ou de comportement dangereux, il ordonnera l'abattage de l’animal dans le respect des prescriptions légales. Au-delà, il souligne qu'aucun élément ne permet de confirmer la présence d'une meute de loups dans la Broye, un argument avancé par les pétitionnaires.
Pascale Bieri/AGIR
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