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3e et dernier Forum de Prométerre 2008 à Granges-Marnand
A la tête d’un véritable empire composé de holdings, de fabriques et de coopératives, Jacques Siret aime à se présenter en tant qu’agriculteur. Ce qu’il est, en effet, avec un domaine dans la région de Bourges. « Je sème, cette année, mon 36e colza ! », a-t-il précisé en se réjouissant que ses trois enfants soient également actifs dans le monde agricole. C’est dire si le président de l’Organisation nationale interprofessionnelle des oléagineux (ONIDOL) comprend les intérêts des producteurs de colza, tournesol, pois et autres soja. Mais, comme il l’a joliment résumé : « Une graine d’oléagineux sans transformation, cela ne vaut rien et des usines d’huile sans graine pas davantage ! » D’où la nécessité d’une interprofession pour toute la filière.
Malgré cette logique incontournable, les choses n’ont cependant pas été toutes seules. Passant en revue les événements des trente dernières années, Jacques Siret retient quelques dates :
En 1970, suite à une controverse sur l’acide érucique, la consommation d’huile de colza s’effondre. Les milieux concernés réagissent promptement et confient à l’INRA la mise au point de nouvelles variétés de colza. La reconversion complète est effective sept ans plus tard. Et on peut souligner, qu’aujourd’hui, la promotion est basée sur la présence d’Oméga 3 dans l’huile de colza…
En 1973, un embargo sur les exportations américaines de soja fait flamber les prix et la dépendance de l’Europe en protéines apparaît au grand jour. D’où le lancement, une année plus tard, d’un « Plan protéines » en France, comportant évidemment la production de tourteau pour affourager les animaux. En parallèle, mission est donnée aux producteurs d’oléoprotéagineux de contribuer à une agriculture plus « économe » et plus « autonome ». La décennie suivante voit une restructuration de tout l’outil industriel de transformation et son rachat par l’interprofession. Suivent : en 1992, l’accord de Blair House qui incite à planter des oléagineux plutôt que de mettre en jachère ; en 1993, la PAC avec son arsenal législatif mais aussi ses fonds européens, mais surtout le tournant vers les biocarburants. Actuellement en France, un hectare sur deux produit de l’huile non alimentaire ! Et ce n’est pas fini puisque Jacques Siret indique comme objectif 7,5% de biocarburant sur la totalité des besoins.
Les participants au Forum, un peu médusés, ont ensuite tenté de suivre l’orateur dans la présentation de la structure de l’ONIDOL. Outre une foison de sigles représentant de nombreuses holdings, il a donc été question de conseils d’administration dans lesquels siègent des personnalités de niveau mondial. Modeste mais siégeant un peu partout, Jacques Siret, a donné un aperçu de ses activités et du poids énorme de l’organisation qui gère les deux tiers des oléagineux français et qui est majoritaire, par exemple, des huiles Lesieur… Quant aux moyens financiers de l’interprofession, ils proviennent d’une « cotisation volontaire obligatoire », selon les termes du président, versée non seulement par tous les producteurs et calculée à l’hectare, mais aussi par les transformateurs.
En présentant Jacques Siret, Christian Pidoux avait fait allusion aux propos de Sophie Réviron, oratrice du premier Forum, qui avait parlé de « machine de guerre » en évoquant l’ONIDOL… Une image qui a fait sourire son président, en homme sûr de lui et surtout de son combat dans la défense d’une agriculture productive et d’une filière qui fait vivre tous ses maillons.