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Alpages : comment se comporter face aux chiens de protection
Difficile, aujourd’hui, de ne pas croiser des chiens de protection dans les alpages, durant la période d’estivage. Vu la présence accrue du loup en Suisse, de plus en plus de troupeaux sont gardés par des Montagnes des Pyrénées, des Bergers de Maremme et Abruzzes ou d’autres encore. Ce qui créé parfois des conflits avec les randonneurs. Voire des accidents : on enregistre entre 15 et 20 cas de morsures par an pour 300 à 350 chiens en activité.
Pour contribuer à une meilleure cohabitation entre tous, Justine Jacquemart, une jeune bergère et éducatrice canine de 35 ans, a mis sur pied des cours de sensibilisation. Actuellement, ils se déroulent dans l’alpage du Val de Bagne, où elle garde 400 moutons jusqu’au mois de septembre, assistée par ses trois chiens de protection (des Kangals). D’autres dates seront proposées en plaine dès cet automne.
Qu’est-ce qui vous amenée à créer cette formation de deux heures pour les randonneurs ?
Si on veut pouvoir cohabiter avec le loup, ce qui est le souhait d’une grande partie de la population, il est indispensable de mettre en place des mesures pour protéger les troupeaux. Les chiens de protection en font partie. Le revers, c’est que ces chiens posent problèmes à certains randonneurs ; ils ont peur et n’ont pas les bonnes réactions, ils lèvent leurs bâtons, crient, font des gestes brusques… Ce qui peut engendrer des accidents. D’où l’importance d’informer.
Est-ce qu’il faudrait réduire le nombre de touristes ?
Non, la montagne appartient à tout le monde. Au monde sauvage, à l’agriculture et au tourisme. Le tourisme ne doit pas être mis de côté. Mais pour que la cohabitation se passe au mieux, le dialogue est essentiel… Il faut expliquer aux gens pourquoi il y a des chiens de protection et comment se comporter de manière adéquate avec eux.
Que faut-il faire concrètement ?
Première chose, il faut éviter de s’approcher des troupeaux et les contourner à une distance de 200 mètres au minimum. Autrement, s’il y a des chiens de protection, ils risquent de vous percevoir comme un danger et de venir contre vous. Même si d’autres ne vous calculeront même pas. Cela étant, la montagne n’est pas plate, il se peut donc qu’involontairement vous vous retrouviez au milieu d’un troupeau.
Et là, quelle est la bonne réaction à avoir ?
Si un chien approche, ne bougez pas ! Tournez-vous juste d’un quart de tour pour ne pas lui faire face ; ne lui parlez pas et ne le regardez pas dans les yeux. Laissez-le vous checker, en vous reniflant du haut en bas. C’est sa manière à lui de prendre des informations sur vous. Et, en principe, quand il aura jugé que vous ne représentez pas un danger, il repartira. A ce moment, éloignez-vous, lentement ; surtout pas en courant.
Vous proposez des cours de sensibilisation en présentiel, qu’apportent-ils de plus qu’un dépliant à lire ?
Cette formation ne se limite pas à lister les bons comportements à adopter dans un alpage. L’objectif est d’expliquer pourquoi on a des chiens de protection, quelles sont les particularités des différentes races, comment ils sont formés. Il y a aussi un gros volet sur le langage canin, pour permettre aux gens de décoder les chiens, savoir s’ils ont une attitude agressive ou non. Ces formations se font d’ailleurs en présence de mes chiens de protection ; on peut les voir, les toucher, se faire checker par eux. C’est important : quand on connait quelque chose, on se comporte mieux et on devient plus tolérant.
Ici, les dates des prochaines formations
Pascale Bieri/AGIR