Dans la première moitié du XX siècle, l’agriculture suisse avait pour objectif d’améliorer sa productivité. Les paysans ont donc été encouragés à cultiver des variétés à haut rendement. A la fin des années 90, une véritable règlementation a été instaurée dans ce sens. Désormais, les agriculteurs sont tenus de cultiver des variétés qui figurent dans le Catalogue national des variétés. Pour paraître dans ce catalogue, elles doivent remplir un certain nombre de critères. Ces derniers sont orientés vers les variétés modernes, qui sont plus productives, et qui sont pour la plupart des variétés hybrides.

Les variétés hybrides sont issues d’un croisement entre deux variétés génétiquement différentes. Elles sont très intéressantes car leur rendement est spécialement élevé. L’accroissement prononcé de la performance chez les hybrides se nomme l’effet d’hétérosis.

Mélange génétique et augmentation des rendements

Pour s’assurer qu’une variété hybride soit bien homogène, ses deux parents doivent être des variétés dites « pures ». Cela signifie que tous les individus de ces variétés sont génétiquement identiques pour une qualité donnée.

Par exemple, pour obtenir une variété « pure » de carotte très croquante, les sélectionneurs choisissent un plant de carotte qui possède cette qualité et l’autofécondent. Pour ce faire, ils fécondent artificiellement l’ovule avec le pollen issu de la même plante. A force de répétitions sur plusieurs générations, ils obtiennent une variété qui leur garantit un croquant parfait à tous les coups. L’inconvénient est que les risques de problèmes génétiques se multiplient.

Mais si les sélectionneurs croisent cette variété de carotte très croquante avec une autre variété pure de carotte dont la couleur est appétissante, la première génération issue de ce croisement présentera les qualités des deux parents et sera très homogène. Mais ce n’est pas tout, le mélange génétique des deux variétés conduira à une forte augmentation du rendement. C’est l’effet d’hétérosis !

Et les variétés anciennes ?

Disposer de variétés homogènes et productives est un atout non négligeable. C’est pourquoi on trouve beaucoup de variétés hybrides dans le catalogue national des variétés. Toutefois, ce catalogue a participé à la disparition de variétés anciennes car elles n’y figurent pas et les agriculteurs ne peuvent donc pas les cultiver. Il est néanmoins essentiel de les sauvegarder car elles sont garantes de sécurité. En effet, plus nous avons de variétés différentes, plus nous avons de chances d’y trouver des gènes utiles pour faire face à de nouvelles maladies ou aux conditions environnementales changeantes. C’est pourquoi Agroscope et diverses associations œuvrent pour protéger et conserver ce patrimoine précieux.

Alicia Egger/AGIR