Main Content
Domestiques vs sauvages: le conflit des abeilles
Les abeilles jouent un rôle essentiel dans notre écosystème en assurant la pollinisation des plantes à fleurs. Toutefois, la multiplication des ruches d’abeilles domestiques, bien que motivée par des intentions écologiques, crée une compétition qui menace les abeilles sauvages.
Récemment, le Grand Conseil vaudois a adopté un postulat demandant au Conseil d’Etat de mieux encadrer les ruches d’abeilles mellifères. Selon Céline Misiego, députée et auteure du postulat : “Il est urgent de réfléchir à un meilleur encadrement de cette activité, voire à une limitation du nombre de ruches. Les abeilles sauvages peinent à accéder aux fleurs et se retrouvent en constante compétition avec les abeilles à miel, ce qui les met en danger d’extinction.”
Pourquoi une prolifération des ruches ?
La popularité croissante des ruches domestiques s'explique par plusieurs facteurs. Tout d'abord, la prise de conscience environnementale a conduit de nombreuses personnes et entreprises à vouloir contribuer à la préservation des abeilles en installant des ruches. Par ailleurs, l'apiculture urbaine, notamment sur les toits d'immeuble, est devenue tendance, avec des société spécialisées proposant des services d'installation et de gestion de ruches.
Les abeilles sauvages et domestiques diffèrent considérablement dans leur comportement et leurs besoins. Les abeilles mellifères vivent en grandes colonies et exploitent efficacement les ressources florales. En revanche, les abeilles sauvages sont solitaires et ont une portée de vol plus limitée. Les abeilles mellifères sont généralistes, s'adaptant à diverses fleurs, tandis que les abeilles sauvages dépendent souvent de quelques espèces spécifiques. Cette spécialisation rend les abeilles sauvages moins compétitives lorsque les ressources sont limitées par la présence massive d'abeilles mellifères.
Des données inquiétantes
Des études récentes ont révélé l’ampleur du problème. L'une d'entre elle, publiée le 14 février par l’Institut fédéral de recherches sur la forêt, la neige et le paysage (WSL), met en évidence que l’augmentation des ruches domestiques menace gravement les abeilles sauvages et quelque 45 % des 600 espèces de ces abeilles sauvages seraient menacées d’extinction, en Suisse.
Recherche de solutions
Face à ce constat alarmant, des mesures s’imposent pour protéger les abeilles sauvages tout en permettant la pratique de l’apiculture. Le postulat du Grand Conseil vaudois propose plusieurs pistes, parmi lesquelles un encadrement plus strict des ruchers. Cela pourrait inclure la mise en place de registres des ruchers et le respect de distances minimales entre eux pour éviter une trop forte concentration d’abeilles domestiques.
En outre, il est crucial de préserver et de créer des espaces verts riches en biodiversité. Notamment en multipliant les zones de végétation non entretenues et en favorisant la plantation de fleurs diversifiées pour soutenir les populations d’abeilles sauvages. Ces espaces verts permettraient de réduire la pression sur les ressources florales.
La formation des apiculteurs, en particulier des amateurs, est également importante. Beaucoup d’entre eux ne réalisent pas l’impact de leur activité sur les écosystèmes locaux. Une meilleure sensibilisation et une formation adéquate pourraient aider à minimiser les conflits entre les différentes espèces d’abeilles.
Pascale Bieri/AGIR